Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

31 janvier 2006

REEL 31 ST MARCELLE

copie d'une icône d'offrande dans une chapelle grecque en bord de mer
31 Janvier ST MARCELLE

C’était la fête de Maman. C’est la fête de la mère de Pierre comme si en le rencontrant lui, j’avais placé une autre Marcelle à côté de moi.
C’est un doigt dressé qui me fait remarquer que … « Attention ma fille ! Ne perds pas ton temps ! Fais ce que tu as à faire ! Ecoute-moi bien ! »
Venues de la planète Mars les Marcelle (celles que je connais) ont toujours le doigt levé pour dire au ciel qu’il faudra compter avec leur vigilance de mères.
Dans mon tabernacle, le soleil, aujourd’hui encore, éclaire la porte du placard où j’ai fixé ce poème qu’a calligraphié Monique. Je ne sais plus de quel recueil elle l’a tiré. Je ne sais plus des recueils que j’ai publiés que ce reflet dans la lumière du jour
31 janvier Bonne fête les mamans Marcelle !
****


Vous dites que je suis
En retard sur mon temps

Et si le vôtre avait encore des dents de lait
Faudrait-il
Pour vous plaire
Que je renonce à mordre l’aube ?

Vous dites que je suis mal fardée pour la fête

Et si la fête programmée n’avait pas lieu
Faudrait-il
Pour autant
Interdire à mon teint
Le soleil de ce jour ?

Vous me proposez médecines
Pour dissoudre en secret
Mes honteux handicaps

Et si je n’étais rien
Que cette incertitude
Qui fait trembler la fleur
Dans le soir ?

30 janvier 2006

REEL 30 Où Cours-Tu ?



Suffit que le soleil se lève derrière Belledonne et tous les fantômes de la nuit se cassent la gueule sur la glace. Bien fait pour eux !
Celle qui n’avait envie de rien au réveil la voilà apte à avaler la terre entière, comme aurait dit sa maman qui la connaissait bien !
Elle photographie à tour de bras. Elle pense avec émotion à Mr le curé à qui elle a expliqué les merveilles du numérique (il s’inquiétait au repas des anciens qu’elle n’aurait plus de pellicule tant elle mitraillait le cuisinier ) Mr le curé est âgé mais de bon appétit. Elle lui a envoyé la photo. Il l’a remercié très gentiment au téléphone. Elle en a été émue. De la photo comme religion …
Et donc ce matin elle a demandé au chou-fleur une interwiew. Une ou un ? Elle l’appelle en son for intérieur ( très fort quand elle devise avec lui en photographiant) Mr Fractal. A cause d’une anecdote qu’elle racontera en temps utile, demain peut-être. Mr « Pitre Rouge » a aussi accepté la conversation sur le bord de la carte postale d’Hélène.
Donc tout va bien. Nous irons marcher, chaussures de marche au pied. Marie et son amie parisienne vont arriver par le car de 10H30. Ah s’il y avait des stylos de marche pour l’écriture ? des ordinateurs alpinistes ! mais bon ! Ceux du présent sont là, en état de marche. Encore un jour. Un beau jour !
Elle vous salue bien ! Excusez-la ! Elle a à faire ailleurs et d’abord vite, vite, pour son amie Julie, recopier ce morceau choisi de Christiane Singer « Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi » qu’elle a choisi hier au soir avant d’aller se coucher et qui attend sous le coude.

« Il y a Simon Wiesenthal qui gardait en tête le nom des gardiens bourreaux. « Pourquoi fais-tu cela, toi aussi ils te tueront », lui disaient ses codétenus. « Si je vis, je saurai leur nom, non pour la vengeance, mais pour la justice. » Quand les Américains libérèrent le camp, le fantôme vivant qu’il était devenu demande crayon et papier et aligne plus de cent cinquante noms.
Mémoire non de vengeance mais de justice. »

29 janvier 2006

R 29 D'EPINES ET DE ROSE



Dimanche au réel

Comme certains avancent au fuel, j’ai essayé depuis le premier de l’an de carburer au réel : cette attention dévote aux réalités du moment. J’en ai donc esquivé quelques-unes, n’ayant que peu confiance à mes aptitudes pour les supporter quand elles sont trop pénibles. Ainsi j’ai relégué toutes crispations sur les signes qu’ici, dans ce pays béni sous la neige et le soleil, circulent les mêmes vents qu’ailleurs de violences, de mesquinerie, de méfiance etc … etc … Conflits de voisinage, refus du village d’accueillir des établissements de délinquants en rééducation … Je préfère cet etc … à l’exposé. Quand je cueille les roses je préfère enlever les épines pour ne pas me piquer. Ce n’est pas glorieux je sais mais je garde mes forces pour le plaisir de la rose.
Et j’ai eu la chance d’en accueillir deux aussi différentes que semblables. Belles. Julie et Solange sont venues jusqu’à moi pour partager ce que toute une vie acceptée permet à chacune de fleurir au présent.
La rose ! Ma chanson d’hier remontée de ma mémoire disait :

« Blanc ! Ne dites pas comme la rose
La rose a des métamorphoses
Et des douleurs et des regrets ! »

A quoi le poète persan (RUMI) répond
« La fête est arrivée et chacun
plus ou moins

S’est paré pour voir ses amis.

Pour nous c’est toi la fête
Occupe-toi donc de nous

Ô toi qui as donné à l’épine
La robe d’honneur de la fleur. »

Passer donc du Moins au Plus, avec le maximum d’efficacité, par ce retournement de regard, de l’épine à la robe.

(PS Bientôt la peinture de l’orgue terminée)

28 janvier 2006

J 28 JUSTE A TEMPS

FEUILLES ET NEIGES

Je suis encore en retard à l'école ? Mais non ! J'arrive toujours à l'heure pour me mettre en rang, encore le temps de bavarder un peu avant que d'être sage. Maman m'a houspillée tant et plus pour avaler mon lait, qui a refroidi, qui a une peau écoeurante sur le dessus, pour avaler ces tartines destinées à me donner de bonnes jambes pour arriver à l'école par les chemins de tous les temps, les trop chauds, les trop froids, les trop arides mais qui me donneront l'instruction permettant d'être toujours à l'heure dans un bureau capitonné. Ouf ! Arrivée au bout de la phrase. Je me traîne, je me précipite, je halète d'angoisse, je ris de délivrance. Le sifflet a retenti, la cloche a sonné, plus tard mon vélo est accroché, non sans mal, sous le préau du Cours Complémentaire, le CC, mon CC où je tiens bon à la première place pour être remarquée et envoyée par un effet dit de boomerang jusqu'aux hauteurs universitaires. Je ne suis pas en retard. J'ai gagné la course : je suis, je fus, prof, mère, etc... tous les rôles tant convoités sont remplis, parfois en avance sur le calendrier.
Aujourd'hui, aujourd'hui même, par ce temps de neige qui noie les secondes dans un silence blanc, je continue à apprendre à être à temps. Mais la technique est différente. Un temps pour tout, un temps à écouter dans ses veines avant qu'il s'élance vers l'action. Un temps doux et serein, un temps de confiture d'orange pour cette après-midi avec Marie-Laure. Un temps de renoncement. Un temps juste à point.
****
PS Et je ne suis pas en retard, la cinquième seulement, comme dans l’ordre familial, à l’atelier d’écriture. Inducteur :JE SUIS EN RETARD

La neige est revenue, dense, encore plus blanche et silencieuse
« Blanc … ne dites pas comme la neige
Oh Non !
La neige a de curieux manèges
jusqu’au rouge et jusqu’à l’été … »
Ma mémoire chante …

27 janvier 2006

R 27 ACOMPTE




Un acompte, un petit acompte, pour régler quoi ? Je ne veux pas d'acompte, qui engage dans la seule mesure de pouvoir remplir sa dette, de devoir l'honorer. Je veux tout, tout payer, tout dépenser, tout recevoir et partant, tout donner.
C'est une plaisanterie ! Un jeu de monde, un jeu de mot. Je plaide à compte. A compte d'auteur. Je publie de même. J'adapte mes exigences aux lois du marché. La preuve ? Ce mot proposé, je l'ai refusé la semaine dernière. J'ai fermé le compte. Je l'ai sincèrement oublié et puis rouvert. Pour continuer à penser qu'il n'est pas fait pour moi. C'est un mot de notaire, de boutiquier. Je n'ai pas de souvenir qui le concerne. Peut-être que je ne veux pas en avoir. Je m'en moque.
Il était une fois ... L'acompte commence ... une petite fille ... elle se voulait grande ... Elle est partie de chez-nous, elle a quitté la cour et son chien Rip et elle a marché. Elle avait dans son panier une fricassée de cochon, des pommes et des noix, un morceau de pain, une petite bouteille d'eau rougie. Quand elle est arrivée au tournant elle a eu peur. Elle a voulu rentrer à la maison mais le compte n'y était pas. Elle a choisi un chemin plutôt qu'un autre. Elle ne regrette rien à moins qu'elle ne veuille rien regretter. Elle est si complexe, elle ne comprend pas tout mais elle paye : le solde, l'arriéré. Et puis elle perd son porte-monnaie. Et alors elle s'adresse à un psychologue, quelquefois à Dieu. En tout cas elle paye : cash ! et même (ah la maligne ! ) à cache-cache !
****
A l’atelier d’écriture en ligne je l’ai déjà dit : 1500 caractères, à partir d’une expression (ici : « acompte ») et une écriture immédiate autobiographique. C’est donc un morceau de réel qui peut s’y exprimer. Puisqu’une portion de moi !
En fait je n’ai pu écrire ces jours, à part cet exercice. Je triche avec mon propos de début du mois. Mais est-ce bien important ? Je continue à lier beaucoup de sujets de la vie courante ( ou marchante) à ce blog, à bavarder mentalement avec lui … et avec Julie !
Le R 26 d’hier venait bien entendu d’un lointain passé (1982)

26 janvier 2006

REEL 26 au passé


Ce samedi soir

Je viens de m'apercevoir que le mois de janvier fout le camp et ça va être la fête de ma maman. Peut-être est-ce déjà trop tard pour qu'elle reçoive la carte à temps.
Depuis le 26 janvier en fait, ça y est ! Me revoilà redevenue jeune fille en titre et en nom. Je vais donc pouvoir conclure pour La Loue. C'est drôle que quelque chose finisse en même temps qu'autre chose commence. J'espère que « ma » maison va suffisamment m'accaparer pour balayer dans ma cervelle les regrets et les souvenirs. Il n'empêche que le mois de janvier a été dur et que j'y ai plusieurs fois "perdu les pédales". Cependant, je vais peut-être m'accoutumer et tenir le coup. Pierre m'y aide bien sûr. Mais je ne veux pas compter trop sur lui. J'espère que le temps m'aidera à récupérer et à me diriger seule pour plus de chances de réussir.
Je pense donc aller au Bouchage bientôt, un mercredi ou samedi, dès que le notaire en sera d'accord.
Ma bagnole démarre à nouveau bien que j'ai l'impression qu'on ne lui a pas fait grand chose. C'est surtout les jours de froid qu'elle ne veut pas partir. Comme je la comprends !
Sais-tu que je mange encore de tes salades. Le pot de coings aussi est un délice. Et je n'ai pas fini ma provision de noix. Pierre a entrepris de refaire sa cuisine. Nous avons posé un carrelage derrière l'évier et c'est un chef d'oeuvre. La Marcelle de Sète dit dans sa lettre que nous serons fin prêts pour le château. C'est vrai que certains jours je rêve de beaucoup de temps et d'un peu de sous pour attaquer. Patience ! Les dernières années m'auront au moins appris la patience !
"Mon" père Barbas broie un peu du noir en ce moment mais sur le chapitre de ses cinq lapins et de sa poule, il est intarissable. Quand je n'arrive pas à le réconforter, il suffit que je le branche là-dessus et ça va mieux !
A bientôt Maman !
P S : Pierre m'a acheté une bouillotte ! Et Jacquou m'a aidé aujourd'hui à poser du liège autour du lit. Alors ...

25 janvier 2006

REEL 25



De l’intérêt des centres d’intérêt concomittants

Centres d’intérêt : c’est ainsi, je crois me souvenir, que nous nommions en classe et sur les préparations ce qui n’était ni plus ni moins que des thèmes susceptibles de regrouper les énergies, la grammaire et l’orthographe, l’essai philosophique et le commentaire de texte …
Ce matin se retrouvaient donc sur une même ligne de départ : la serpillière et le balai avec la chanson de la Rosa.
Heureusement que la Rosa est là quand je m’appelle, je m’attèle aux tâches ménagères !
J’ai un tel ras-le bol, ras la casquette, ras le biniou, de ces travaux que pour échapper à la montée de grogne, rogne, fatigue automatique, il me faut bien la perspective bloguante, la deuxième chaîne mentale chantonnante, pour en venir à bout. Et encore un tout petit bout, que je sais devoir retrouver sous peu, à peine plus loin que celui d’hier ( j’ai tout de même nettoyé les radiateurs). Le soleil rasant sur les vitres et les carrelages est féroce.
Et pourtant le soleil c’est le soleil. La corvée serait deux fois plus dure s’il n’était pas là.
Et pourtant c’est l’arrivée de Solange qui motive ce grand ( !) nettoyage.
Et pourtant je sais tout des ruses du présent et de sa rhétorique pour faire cracher les remontées nauséeuses du passé.
OR DONC,
FILONS PAR LES CHEMINS QUI N’ONT PLUS QUE TROIS BOUTS DE LAINE
Filons par la chanson, sachant le peu de pouvoir qu’elle a sur les choses
Filons bel(le) ami(e) que j’attends
A chaque joie, à chaque peine

La chanson c’est l’air et les paroles. Les paroles qui circulent sur l’air n’ont que peu d’importance. L’air respire, fait respirer et, ce faisant, la serpillière passe mieux, les moutons vont à l’abreuvoir …

24 janvier 2006

IRREEL 24

Aidez-moi je vous en prie
à doubler le cap de la nuit
La nuit la vie la pas-marrante
essaie toujours de me choper
par le colback et par les pieds

Donnez-moi un peu d’entregent
des coquelicots, du printemps
J’ai mal à mes tourmentes

Demain je recommencerai
Je sais bien que je survivrai
à la nuit noire
Mais s’il-vous-plaît pour le moment
il ne me faut pour m’éclairer
qu’un petit quinquet sur le pré
de l’espérance

23 janvier 2006

REEL 23


La réalité de la rose aujourd’hui est portée par un porte-greffe :
C’est une Rosa catalane je crois, je ne trouve pas les mots dans le dictionnaire espagnol
La rosa enflorece La rose fleurit au mois de mai
En el mes de may
Mi alma s’escurece Mon âme (? ) de ne pouvoir parler
De no poder hablar

C’est la Rosa de Benedetto Pamphili, mise en musique par Handel et chantée par Cécilia Bartoli ( OPERA PROIBITA, Musiciens du Louvre, Decca)
Lascia la spina laisse l’épine
Cogli la rosa Cueille la rose.
Tu vai cercando Tu vas à la recherche
De tu dolor. De ta souffrance
Canuta brina Une main secrète
Per mano ascosa apportera les blancs frimas
Giungera quando quand ton cœur
Nolcrede il cor ne s’y attendra pas

Dehors les rosiers s’ébrouent un peu sous la neige, mais à les voir si raides et transis, je me demande s’ils repartiront au printemps.
Ma Rose-à-moi vient de se glisser sous mes yeux, texte et dessin, depuis ce bloc que j’ai décapité pour récupérer les envers. Je lui fais fête.

Petite rose Rosinette
Aussi rosée qu’une poupette
Aussi légère qu’un fil de soie
Si je pouvais te rendre grâce
Je chercherais dans les annales
Des mots nouveaux rien que pour toi
Je t’appellerais Joliette
Beauté, Ma Douce, ma Sucrette
Et si tu ne les agrées pas
Je retournerais pour te plaire
Aux pages roses du dictionnaire
Hymni sacri et novi
Si je voulais te peindre en i …

Bon ! Je ne devrais pas avoir trop de mal à trouver une rose d’illustration dans mes annales photographiques ! Et avec ce thème annoncé, je me sens à jour !
A chanter la rose, à l’écouter se chanter, pas de mal à trouver son parfum d’espoir dans les sinus sinusoïdaux

REEL 22


"C'était quoi avec les chansons" ?
Je ne comprends pas la question Julie mais vais essayer d'y répondre. C'est souvent comme cela dans l'enseignement. L'élève ne comprend pas la question, répond à côté de la question, en dehors de la question, d'où la pédagogie qui est l'art de poser des questions. Rien à voir avec nous Julie ! Nous n'en sommes pas au rapport du maître et de l'élève. Toi Pas Socrate, moi Pas Platon mais pour notre bonheur à toutes deux : GiGi et JuJu : libres de devoirs de questions et de réponses un lundi matin.

Avec les chansons c'était bien, c'est presque toujours bien. Je n'ai pas mal ici ni mal là. La sinusite se planque benoitement dans les sinus et attend que la séance chantée soit terminée pour contre-attaquer.
Bonheur mercredi avec Sylvia et Marie-Laure sur " La petite espérance" qu'elles chanteront à deux voix
Bonheur avec Claire à qui j'apporte "Dimanche matin" (Reel 15) qui a éclos dimanche dernier et que Claire aussitôt embouche sur le piano. C'est dans une Bossa Nova ma chère que tu viens d'entrer !
Bonheur vendredi avec le groupe d'Impro et Claire à la barre. Je chante et improvise sur une chanson espagnole " La Rosa". Je reprendrai le thème un de ces quatre pour te détailler tous les pétales.
Bonheur samedi avec Claude, nous sommes de mieux en mieux "calés" sur le rythme. A l'heure du thé on se décale pour se dire nos préoccupations du moment concernant tout ce qui nous trotte dans la tête : la société et ses violences, les pollutions de touts ordres, nos enfants ...
Bonheur hier d'écouter en concert Michèle Bernard, de lui dire ce bonheur, de retrouver des amis chanteurs qui le partagent : Marie-Claude, Philippe, Nadine ... Je ne suis plus toute seule sur ma planète imaginaire, j'ai trouvé des voisins de réalités chantantes, optimistes, même pour les sujets graves. Légèreté de la voix, puissance pour dire le bonheur et l'inquiétude, la révolte, Louise Michel ... Oui, merci beaucoup Michèle ! Avec toi on n'a pas le droit, le goût d'arrêter (de tenter) de changer la vie, d'espérer la changer. Pas le droit d'être vieux, fatigué.

Et, avant de m'asseoir avec toi Julie, ce p'tit bonheur de reprendre au piano sans effort ce "Dimanche matin" pour le faire durer, bien que le brouillard ait tout recouvert. Et, levant le nez au mot brouillard pour le vérifier derrière la fenêtre, un chardonneret, frr, sur la boule de graine, qui ne fait que passer et me sent remuer en quête de l'appareil photo. Il faudra prévoir pour l'attraper un affût résolument cadré sur lui seul.
Ai-je répondu à ta question ? "Au fait", comme disent les petits maintenant à tout bout de champ, à l'imitation des chroniqueurs, quelle était la question ?

21 janvier 2006

REEL 21


Deréliction des tulipes, d'un bout à l'autre de la semaine.

Du latin derelictio "abandon"
le mot français introduit au sens général d'abandon, est surtout employé dans un langage religieux et littéraire, pour désigner un état de solitude morale, un abandon de Dieu (1606 St François de Sales)
J'ai abandonné les tulipes depuis deux jours. Elle se sont abandonnées doucement mais durent encore, bien que courbées vers la terre : j'ai aussi acheté des oignons de tulipes mais le sol est gelé et ne pourra les recevoir.
Enfin je me suis abandonnée au chant ce week-end et je me sens comme revenue d'un printemps.

Très proche de l'épanouissement la déréliction. A moins que ce ne soit l'inverse ...

20 janvier 2006

REEL 20

Ça commençait bien ! « Mémé poilue ! Mémé poilue ! » les deux lascars s’engouffrent dans un couloir de l’école …

Pourtant je vous assure que je m’étais épilée pour l’occasion.

Ça a continué un peu mieux, beaucoup mieux. Nous avons échangé nos prénoms et quand j’eus fait la preuve que je savais moi aussi écrire le mien « en attaché », j’ai eu droit à la considération dû à ma présence dans leurs locaux …
Xavier, Jordan, Louise, Margaux, Eva, Zoé, Lucas, Luc et Justine.
Quel goût a la lune ? Pipioli et Zigomar n’en savent rien mais la petite souris qui a réussi à en chiper un morceau la trouve délicieuse.
Moi aussi ! La pleine lune, le croissant de lune : tout est bon à qui a de bonnes dents et du temps, pour le goûter des livres.
J’y retourne la prochaine fois. Quand reviens-tu ? a eu le bon goût de me demander une petite fille. J’emporte trois nouveaux livres à étudier en prévision dans ma serviette. C’est comme pour le blog ! La fréquentation encourage la fréquentation.



Autre réalité de la journée : les œufs à la ferme coûtent 2,70 e la douzaine, le lapin 7,5 le kilo et les pommes de terre 60 c.
Tout va bien Julie ! Un peu de verglas. J’ai eu la pétoche pour sortir la voiture du parking mais en cahotant dans les fondrières glacées des petits chemins je suis arrivée sans encombre à la ferme. Encore un lieu à te montrer la prochaine fois.
Prochaine fois pour la lecture, prochaine fois pour Julie : as-tu remarqué que je me donne un avenir pour les bonnes choses ?
Moralité : ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier !

19 janvier 2006

REEL 19

Le chardonneret élégant a le croupion blanc
mais il suffit de le guetter à la fenêtre
pour qu'il s'envole à tue-tête

Il y a réalité qu'on découvre
sans mettre du sel sous le hoche-queue
mais des grains amis - Oui ! - sous le sapin bleu
et la poudre aux ailes
sous les pattes des sittelles

PS
(photo différée pour cause d'envol et de brouillard)
chaud au coeur les messages !
première séance de lecture aux grands de la maternelle cette après-midi. Je vous raconterai ...

18 janvier 2006

REEL 18


Il reste …

Il reste des reflets, il reste des sillages
quand le bateau sur l’eau est passé sous mes yeux
Il reste de ce jour ce frêle bastingage
où s’accroche la minute d’un long instant heureux.

Il reste, en prenant soin, ombre de toute chose
De mes enfants il reste, j’espère, dans leur sommeil
une joue reposée sous le hâle encore rose
le goût des papillotes sur l’arbre de Noël

Il reste de Julie cet appel insatiable
à la vie, à l’amour, aux cristaux fabuleux
Et de son cri jeté à la face du diable
il me reste l’écho que j’adresse au Bon Dieu

La neige aujourd’hui fond, il reste de cette neige
ce que nous avons fait pour la rendre éternelle.
A l’envers, à l’endroit, sur la page encore vierge
j’aperçois un poisson, une lune, un soleil …

17 janvier 2006

REEL 17


Ricochets
Conversation du petit déjeuner avec Julie vendredi dernier. Enregistrée dès que le magnétophone eut repéré une de ces conversations impromptues qui s’élancent vers l’essentiel du souvenir et du vécu à vivre encore.
Jeu des ricochets sur la surface de nos mémoires, vives, comme celle de l’ordinateur. Dans la nuit son poème a jailli, à quelques encablures de ma chanson de la veille, et ce matin-même, en écoutant la conversation enregistrée, à deux pas du poème de Pierre. Je suis heureuse que le magnétophone ait eu cette bonne idée de fixer alors « le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui » comme l’appareil photographique fixe les pattes sur la neige qui fondra devant la porte que je crois fermer.

NEIGE VIVE

La peine blanche fit ployer
La branche de l’épicéa
Qui sanglote et balance
Au souffle de l’attente

La neige lourde fit traîner
les bras de l’arbre jusqu’à terre
Et leur geste majestueux
Devint mélancolique

Le silence immaculé tinte et gémit
Sur les branches courbées
Esclave de leur peine
Et de leur renoncement

Mais la branche s’est redressée
Et la peine s’est éparpillée
Scintillante dans le soleil
Peire de St Niz 1979

16 janvier 2006

REEL 16



D’une semaine à l’autre …

Elle est partout Julie
Sur le net, sur la neige
Etalant sans complexes
Son superbe appêtit



Et la neige fidèle
Fixe dans ses cristaux
Ses yeux qui y pétillent
Et le net répercute
Du sort, les uppercuts
Que Julie lui destine.

15 janvier 2006

REEL 15

Une odeur de pain chaud chatouille les narines
Je l’aime
La pleine lune est-elle encore dans le clocher ?
Ma sœur Lise, cette nuit, dans l’église chantait
Je l’aime, je l’aimais
Je ne sais si Dimanche commence la semaine
Si la question me vient d’un quelconque poème
Mais je sais que je sais accommoder le jour
Aux odeurs du matin, au rôti dans le four …

Je ferai un pâté de crabe, une salade
Au cresson, aux croûtons, aux olives et aux noix
Louis va venir dîner une nouvelle fois
Avec sa tourterelle (nouvelle)
Je l’aime
La pie vient se percher au sommet du sapin
Elle se perchait hier, se perchera demain
Ma Julie n’est plus là pour la photographier
J’entends pourtant encore sa voix dans l’escalier
Je l’aime
Bref ! A tant retarder le petit déjeuner
Pour quelques mots d’amour à peine réveillés
Je vais perdre un kilo, un ou deux milligrammes
Et les bisous barbus sur les joues de la dame
Il m’aime

Le dimanche commence et finit la semaine.



A ce que dit Julie : Je t'aime !

14 janvier 2006

REEL 14


Dîner des anciens au village
Vous voulez dire « des vieux » ?
Mais non Madame, vous en étiez ! Des jeunes chargés d’années et d’expériences
Le menu était bon ?
Excellent ! Beau en couleurs, en appréciations, en saveurs … et j’en passe …
Le cuisinier avait combien d’étoiles ?
Une seule toque et encore a-t-il fallu la lui réclamer !
Vous avez échangé vos vœux ? *
Oui ! Comme des jeunes mariés
Vous reviendrez l’année prochaine ?
On espère bien !

Pièce montée jointe : Vœux des Indiens

- Les voeux de l'indien -

" Je ne te souhaite pas la santé, car peut-être tu tomberas malade,
Mais je souhaite que tu puisses trouver les remèdes qui pourront te guérir.
Je ne te souhaite pas la prospérité, car tu vas peut-être avoir à subir tout genre de revers,
Mais je souhaite qu’en fin de compte tu sois en mesure de surmonter l’adversité et de ne pas te laisser abattre.

Je ne te souhaite pas le bonheur, car du fait que tu existes,
tu as à affronter les problèmes de la vie ;
Je te souhaite de trouver les ressources en toi pour les résoudre au fur et à mesure qu’ils se présentent et de continuer d’être heureux au jour le jour.

Et je te souhaite
La sérénité pour accepter ce qui ne peut changer,
Le courage de changer ce qui peut l’être,

La sagesse de connaître la différence."

13 janvier 2006

REEL 13



"Je pense à toi" dit le vent" à l'arbre enneigé
et lui secoue les branches pour qu'il s'éveille aux oiseaux

"Je pense à toi" dit la chanson de l'arbre
et la vieille se met à chanter

"Dès Janvier le printemps ?" demande le coucou
"Ma joie est grande"

et je lui dédicace ma chanson

12 janvier 2006

REEL 12 On écrit


( on écrit sur les murs à l'école maternelle)

Il est temps pour moi de proclamer que toute réalité choisie donc heureuse, donc réelle, est équivalente à ce que le doigt me fait toucher, l’œil me fait voir. Cette nuit j’ouvre l’atelier d’écriture en ligne. L’inducteur cette semaine est « on écrit …»
A partir de là laisser la bride sur le cou pendant 1500 caractères.
***
On écrit, on écrit dans la nuit pour ne pas dormir ou faute de pouvoir le faire. On écrit. Qui écrit ? JE écrit, cherchant toujours à vérifier que son nombril est bien refermé sur le passé, dispos au présent, à toute aventure d'écriture.
"ON " m'a été fermement interdit par l'amie qui en détaillait les lâchetés et les incertitudes. TU écris, disait-elle, et c'est ce qui m'intéresse de toi. J'écris, je te fais lire ce que j'écris et vois-tu le nom de plume que je me redonne, que l’écriture m’attribue ? Marie L'Or. " La parole est d'argent mais l'écriture est d'or" J'étais impressionnée, subjuguée. En fait j'avais déjà commencé à écrire avant l'invitation. Ressenti la secousse tellurique quand l'écriture vous prend comme une mer et vous navigue. Vous en sortez plus dispos, plus moulu de fatigue parfois, mais à coup sûr, différent. Différente. Vous, moi, les femmes, nous : toute personne à part entière, entièrement à part dans cet acte volontaire.
On écrit pour ne pas mourir. Pour ne pas dormir.
Je vous écris d'une maison silencieuse, en pleine montagne. Dehors la lune blanche sur la neige blanche. Le silence, blanc sans doute, lui aussi. Je vous écris de ce rectangle en face de moi comme une glace. J'y vois le visage heureux de l'écrivaine qui m'appelle à écrire : ce soir, Christiane Singer "N'oublie pas les chevaux écumants du passé" Je vous écris du livre que m'a tendu mon amie Solange à Noël en m'invitant à la promenade dans le miroir.
Je vous écris du pays des femmes qui aiment leur visage la nuit.
***
Ce matin, rentrant de l’école maternelle pour organiser ma participation à « Lire, Faire lire » je suis appelée au téléphone par Marie-Laure. Demain elle viendra partager le repas de midi avec nous, repas qu’elle, la parisienne, appellera Déjeuner et moi, la dauphinoise, Dîner. Vérification faite, Julie est bien parisienne. Je n’ai plus que quelques jours pour la dévergonder.
Contaminée par Julie, j’ai déjà accroché une photo au menu.
Douceur des réalités entrecroisées. Amitié des mélanges réels et virtuels au féminin masculin

11 janvier 2006

REEL 11


ORDRES DE L’AUBE

Accompagner la neige dans son scintillement
minuscule et immense
Et contempler de l’arbre l’ombre bleue sur le champ
comme un ciel retourné.
Des mots prendre la pelle seulement pour comprendre
pourquoi la neige a des secrets
elle qui paraît si blanche !

Demain est là. J’écoute dans ma chambre.
A l’auberge des mots calme le voyageur
le force à s’arrêter.

10 janvier 2006

REEL 10



REEL 10

Si être Réelle c’est être simplement et totalement au monde alors, aujourd’hui, en ce moment-même, j’y suis, j’en suis. Julie est arrivée hier au soir. Le soleil ce matin l’accueille plus qu’à bras ouverts, à bras multiples, comme les déités indiennes, dans tous les sens et dans tous les sens des mots. Le premier de ces mots ce matin qu’elle ait harponné est celui de GLAISE. Je fais appel à Alain Rey pour l’étymologie et de cette glaise première qui fut d’abord terre GLISSE, elle enclenche aussitôt sur les pétrissage, malaxage nécessaires après la première extraction pour obtenir le texte réel qui convienne à nos formes de langage, elles-mêmes passées par tous les creusets, les tours de potier que la vie nous a donnés. A charge pour nous de faire à cette glaise le cadeau de notre présence active, attentive, « recueillie » dirait mon ami Jean-Luc.
Aussi, pour me recueillir et bloguer un peu (hier panne d’ADSL) j’ai échappé aux entrées sur l’ordinateur toujours branché de Julie et atterri ici.
Je n’ « abonde » pas : autre terme resurgi ( celui-là envoyé par ma Maman) pour me dire l’affolement devant le trop que je ne peux maîtriser. Heureuse à en éclater, je dis Stop ! afin de trouver le rythme qui convient à mes artères. Stop à la technique, stop à la pluridisciplinarité. Stop ! Tout doux ! Une chose à la fois ! Je n’ai que deux yeux même si je possède plusieurs cœurs comme il m’est arrivé de le proclamer.

Il faut, de toute urgence, Julie, ma chère Julie, que je me concentre sur la glaise avant que tu sois passée aux nuages. Le paysage St Nizard est si riche, je le connais, qu’il va t’envoyer à tout va des décharges d’adrénaline. Et ce matin il s’est mis en quatre pour te plaire. J’ai déjà risqué la plaisanterie habituelle « nous avons commandé le beau temps au syndicat d’initiative pour toi »
Permets-moi de conclure maintenant que je suis retombé sur tous mes pieds d’abondance. J’ai déniché hier dans mes papiers ce quatrain :
« J’ai creusé le sable avec mes mains
J’ai pétri l’argile avec mes pieds
J’ai engrossé la plaine avec mes graines
J’ai engendré la montagne avec mon cerveau »
C’est ainsi que parle le Dieu Vintu au nom de la terre. Nous aurons bien à faire pour réaliser le programme mais, à deux, je ne doute pas que nous y parvenions.
Julie, tu es là, c’est merveilleux ! je cours te rejoindre dans la pièce à côté et nous sortons au grand air !

08 janvier 2006

REEL 8



REEL 8
Il y a des colline aux oiseaux dont on fait des chansons
Des collines inspirées dont on fait des poèmes
A deux pas de Chez Nous il y a la colline aux marmots
La voici, en fin de Dimanche. Lugette, cuplettes, causette. Toute activité simplette Les parents patientent encore avant la longue descente capot à capot sur Grenoble. Il commence à faire froid mais on ne le sent pas vraiment. Le drapeau du mémorial du Vercors ( à nos martyrs) ne claque pas au vent. L’air est calme.
C’est une Epiphanie ordinaire et tranquille. La galette des rois est savoureuse, d’autant plus que les amis sont venus la partager avec nous. A l’orgue de Barbarie il y a des cartons qui ont commencé à se dévider. Et j’ai osé prendre les pinceaux pour décorer le bois blanc de l’appareil. Un premier oiseau vient de se poser.

07 janvier 2006

REEL 7


« C’est qui ? C’est Gad ! »
A la FNAC la petite fille, de sa poussette, répond à l’interrogation de sa mère, devant le bac des CD rom. La petite qui commence tout juste à parler n’a pas eu d’hésitation. En grand-mère d’un autre âge je me dis « Quand même ! Les gosses sont déjà conditionnés au berceau à la consommation du virtuel » Elles s’éloignent … mais au fait c’est qui Gad ?
Un visage sur une pochette. Un humoriste apparemment. Bon ! je suis vraiment déphasée.
Dans la salle d’attente du cardiologue, bien en vue, Gad sur le magazine. Je vais tout savoir, de ses origines marocaines, de son implantation américaine, de son adaptation réussie sur la scène française. Il dit souhaiter acquérir la nationalité d’un pays qui l’a accueilli, dont il distord la langue pour lui faire rendre raison … J’attends le prochain hasard qui me fera rencontrer Gad en texte.
Hier au soir, dans notre réunion d’Alentour, nous étions là, sans magazine et sans CD ( Sauf celui de Claude qui vient de paraître) à échanger une fois de plus nos productions, nos espérances de créations, nos voix, nos rires et nos gâteaux d’anniversaire. Baladins ordinaires sans reconnaissance précoce.
« C’est qui ? C’est Nous ! »

06 janvier 2006

REEL 6



GRAPILLER c’est picorer, prendre un grain, le rouler dans sa main, hop ! le gober, le rouler dans son palais, le faire juter sur la langue, en extraire l’été, le mûrissement de l’été.
Et donc c’est ce que je viens de faire avec les yeux, les voeux et la belle grappe que m’envoie Elizabeth. N’est-ce pas des « coups d’air » je lui demande en retour ? Je me souviens de cette variété avec des grains d’inégale grosseur, parfois verdissants. Ce n’était qu’un raisin à jus, guère savoureux mais beau d’abondance et de disposition longiligne. J’attends sa réponse. Ça me ferait plaisir que ma mémoire ne se trompe pas.
Elizabeth a mis au point une science très subtile du grappillage. De son enfance, de sa vie d’agricultrice maintenant en retraite, elle cueille, elle découpe, elle fait macérer, elle récupère, transforme, encadre. A l’exemple de son père, mais à sa façon, elle peint, elle grave. Cette année c’est à partir de feuilles de toutes sortes qu’elle a constitué une exposition de tableaux et d’objets : livres, lampes, boîtes... Je n’ai pas réussi à me séparer de tout ce que j’ai rapporté de l’exposition avec l’intention de l’offrir pour étrennes. Les livres blancs refermés sur leur patine de feuilles transformées par l’art semblent si prometteurs de phrases immortelles. Les boîtes à mots si accueillantes aux découvertes …
Et de les sentir à mes côtés pour, mine de rien, grappiller la journée dans la détente et l’efficacité, suffit à me la faire démarrer en blog et dans le soleil.

05 janvier 2006

REEL 5


Les gosses du canal (aucun rapport avec le texte!)

J’ai fait trois pâtés de lapin pour les fêtes. Histoire de juguler ma frousse profonde que les fêtes n’en soient pas, tournent mal. Notre obligation de fête à date fixe pour relancer la roue dans le sens d’un chariot qui va. La vérification que la fête commence, est un baptême inaugural innocent.

« Salut Nouvelle année
qui rit à peine née ! »
Comme elle vient de loin la chanson !

Bref ! Trois pâtés dans trois moules : terrine, moules à cake pour trois destinations différentes. C’est bien sûr la terrine en terre la bien-nommée qui a le meilleur succès d’apparence.
La recette, la mythologie du pâté de lapin vient de ma mère, la Mémé. Nous disions le pâté de la Mémé et cela suffisait à authentifier son excellence. Comme il était meilleur sur la fin, bien rassis, la dernière bouchée, cadeau ultime !
La recette venait des dernières pages de son livre de cuisine, le livre unique de toute sa vie. Elle me fit cadeau de cette dernière page malgré mes protestations en la déchirant pour me la donner. Elle me tendait le relais pour régaler, consoler, passer les fêtes sans encombres. Et je devins donc, par volonté de ma mère, pour mes enfants, la reine du pâté de lapin. Sauf que le mien ne peut pas rivaliser avec le souvenir. Lapins de super-marché nourris aux granulés quand je ne peux m’approvisionner à la ferme. Veau, porc de même provenance. Maman gardait toujours pour l’occasion un Père Lapin, ou une Mère Lapine d’un an d’âge qui faisaient bien dans les trois kilos. Elle enlevait soigneusement l’excédent de graisse. L’eau de vie pour mouiller le pâté était aussi de la production familiale. J’ai de plus en plus de mal de m’en procurer à la source, il ne m’en reste qu’un demi-litre, venu de la bienveillance de Lulu, un lointain cousin qui me fournit aussi en huile de noix.
Cependant, malgré ses tares, mon pâté de lapin fait encore bon effet. Le simple fait d’avoir désossé la bête, brassé les viandes, fait cuire longuement les os dans la marmite pour en extraire la gelée avec lauriers et thym, suffit en général pour qu’il soit bien accueilli. Même s’ils ne se doutent pas de toutes les opérations les convives sont reconnaissants à ce fait-main maison. Cette année j’ai rencontré pourtant l’indifférence, voire l’hostilité au pâté de lapin. A Sète ce fut le mépris des végétariens. Le pâté de lapin est un crime. Le lapin une peluche vivante symbole d’amour.
Les trois garçons de mon fils, avant-hier, n’avaient-ils tout simplement pas faim ou bien, tout ce qui n’est pas Nutella et tartines, les rebute-t-ils d’avance ? Seul Elouan a fait honneur au pâté, davantage je crois pour consoler sa Mamie du refus de ses frères, que par réel appétit. Je crains fort que le reste du pâté n’échoue à la poubelle dans quelques jours.
Bon ! Il faudra que je trouve autre chose pour les épater ! Je vais consulter des blogs gastronomiques fort intéressants que j’ai déjà aperçus en couleurs !
Et puis Julie arrive bientôt avec ses recettes en tout genres, choux farcis Internet, gâteaux au chocolat en mouvement … Pourvu que la neige tienne ! Nous y ferons des îles flottantes !
« Salut Nouvelle Année ! qui rit à peine née ! »

04 janvier 2006

REEL 4

UN PERE Noël MULTIFONCTION

Nous nous dirigeons vers les cavernes du Père Noël au Pôle Commercial. Il nous faut d’abord garer dans un parking hyperbondé, au fin fond de la toundra. Mais, après une marche forcée dans les allées du pouvoir d’achat, nous en connaissons un rayon (de fours à micro-ondes) qui devrait résoudre le problème de four à gaz dangereux pour une nonagénaire. Nous nous y mettons à deux pour lire attentivement les étiquettes d’exposition sur quatre étagères copieusement garnies. Autour de nous se bousculent les apprentis Père Noël, pas moins de cinq membres d’une même famille dans notre voisinage très immédiat, pour un produit similaire à celui que nous recherchons. La vendeuse est débordée, elle doit écouter son portable d’une main, empaqueter de l’autre, se rendre à la réserve, charger le chariot de livraison à l’accueil, rédiger le bon etc … comprendre et approuver les récriminations de son collègue contre ce qui pourrait bien être un chef … Quand nous obtenons son attention elle se réfère comme nous aux étiquettes mais lorsque nous lui faisons remarquer leurs incohérences elle avoue humblement ne pas savoir, ne pas pouvoir. « Je ne suis pas le Bon Dieu » dit-elle. « Oui ! Mais nous sommes le Père Noël et en principe le Père Noël ne se trompe pas ! »
Finalement, passés de la toundra à la jungle des sigles, nous optons sans hésitation pour la marchandise la plus chère, la plus détaillée, la plus multi-fonctions, la plus bavarde à l’ordinateur de bord. Celle qui décongèlera, réchauffera, grillera, cuira, mijotera, expliquera en une ou deux opérations simultanées avec un maximum de boutons, voyants, phrases rouges et sonneries.
Il ne suffit alors que de récupérer le chariot avec les rennes, l’amener jusqu’à l’entrée, le stationner tandis que l’obligeante préposée aux multifonctions dirige le sien, à roulettes, vers le point de ralliement sans prendre le temps d’ajuster sa tenue intérieure à la rigueur du dehors.
Dans le hall le Père Noël en exposition sur podium s’ennuie faute d’enfants à photographier. Multifonctionnel au chômage il pense que la soirée va bientôt se terminer et qu’il reprendra son costume d’unipourvoyeur habituel, sans barbe blanche et houppelande rouge. Peut-être rêve-t-il à une balade en canoé sur le canal ?

03 janvier 2006

REEL 3


Elle tourne de l’orgue
Sourit largement
Entre dans la page
Des purs Noëls blancs
Décorés aux angles.
Elle chante.

Elle a la voix rauque
Un peu froid aux doigts
Beaucoup moins aux yeux
Elle tente … dit-elle.

Elle rêve
De réalité en réalité
Egrène le sort
Refrains et couplets
Elle prend
Le temps qu’elle exhale
le fume.

Elle passe
Arpente le monde
Elle vient d’acheter
24 tuyaux pour les faire souffler
sur 35 cartons
Perfore
A Sète, à Noël
Notes de guingois
Airs de ritournelle.

On n’s’y attendait pas
Elle est insolite
Elle ne sourit plus
Secoue en chantant
Ses longs cheveux drus
Sa bouche gourmande
A même la rue
Embrasse
Le 24 décembre.

02 janvier 2006

REEL 2


Elouan dessine à toute allure, d’abord confortablement installé sur l’étage supérieur de son lit, puis descendu à mon niveau pour m’expliquer ce qui s’élabore du bout de son crayon sur son ardoise carrée qu’un passage impromptu de la réglette nettoie d’un seul coup. Cette fois j’ai eu le temps de photographier (pour Papa quand il rentrera, il est d’accord). Commentaire :
- deux oiseaux ( les deux accents circonflexes en haut à gauche)
- une voiture (juste en dessous des oiseaux) qui allait sur la mer. J’ai fait une moitié de poisson … il n’y a que des moitiés de poissons que j’ai pris (c’est à dire que la voiture est constituée de moitiés de poissons)
- un canon qui tire sur un bateau qui est gentil qui défend la ville pour pas qu’elle soit morte ( on aperçoit nettement les boulets de canon horizontaux)
- un pirate ( la longue silhouette qui dépasse du bateau)
- un bateau, c’est les rames ( qui dépassent en bas)
- un oiseau (rectification) un elfe, apporte un message et dans le message il est écrit qu’il faut envoyer des bombes sur l’ennemi
- un soldat (avec épée et bouclier, cheveux hérissés) repart vers le bateau
- (en tête du bateau, à gauche) comme sur tous les bateaux, un galion, c’est une statuette ( la figure de proue) en fait c’est un bateau égyptien, un galion égyptien
- c’est la suite de l’histoire (vers l’étoile, Elouan a repris le crayon et complète le dessin mais je n’aurais pas le temps de photographier ces compléments) C’était la nuit, il y avait la lune près d’une étoile brillante et cette étoile toutes les nuits le roi la regardait et lui disait « s’il te plaît donne-moi une chance ! »
- et la reine toutes les nuits dit au roi d’aller se coucher, avec un sourire
- tous les jours il y avait des batailles contre les ennemis. Les soldats s’entraînaient ( les soldats se multiplient à droite du bateau) et la nuit tombée le roi regardait ses dents bouger, il a deux dents, parce qu’il est pauvre
(Qui va lui donner de l’argent ?) Ben ! la petite souris !
C’est le roi qui faisait toujours des cœurs à l’envers (E dessine le cœur à l’envers) à sa femme mais sa femme lui faisait jamais des cœurs à l’envers et lui faisait des gros bisous à l’endroit
- une fraise tomba sur la tête du roi, une pierre est tombée de la muraille parce que les ennemis attaquaient
- et ils se batta et après ils alla manger. Le roi s’essuie dans la nappe, les soldats dans la table
- Sous son oreiller il y avait un billet de dix euros, non de cinq, et quand son autre dent est tombée il avait deux euros.
Post sriptum et descriptum :
Je sais écrire ANE l’animaux, ANNE le prénom.
(Elouan aura cinq ans en Avril. Il est dans la section des Grands de la Maternelle.)

01 janvier 2006

REALITE/REEL

Je trouve chez Christiane Singer ( N'oublie pas les chevaux écumants du passé) la distiction suivante entre Réalité et Réel :" La réalité c'est la part sclérosée du Réel - celle qui est figée, qui n'évolue plus mais à partir de laquelle nous pouvons nous orienter : cette pierre, cette table, je les retrouverai demain à la même place.
Le Réel est le nom que je donne à la réalité agrandie/.../ cette part fluide de la réalité, ce permanent devenir, cette permanente métamorphose composée de potentiels en attente, des projets, des visions : l'esprit agissant /.../
L'initiation au Réel va donc consister à donner une attention aiguë à cet espace non manifesté- à developper en nous cette jubilation de l'esprit quand il caresse et explore le monde."

Que la nouvelle année soit ici cet espace agrandi, cette attention aiguë, à ces moments privilégiés où la Réalité rencontre l'adhésion au monde, sans souffrance, sans illusion, se fait Réel naturellement.



REEL 1
Au bord du canal, nous marchons. Il y a du soleil, des grosses pierres qui ont formé les bords, dragage peut-être ? L’un des blocs cligne de l’œil comme un visage qui ne se lasse pas d’appeler un regard. Qu’est-ce que c’est là-bas, sur la droite ? Une vieille barque échouée ? Non ! Des filets qui sèchent. Et puis plus loin, sur la gauche, des filets, encore des filets, les pêcheurs sont absents : congé de Noel et ça ? des parcs à huîtres ? Peut-être des naissains. Personne. Un silence royal. Et puis voilà les canoës qui rejoignent le canal au Rhône. Une dame promène son chien, nous salue en nous croisant. Un pêcheur dans la barque, récupère les moules qui prolifèrent sur les bords pour appâter. Un peu plus loin, une famille, trois petits qui se suivent, le dernier dans l’écharpe de sa mère, sur son cœur. Au retour causette, photo, le pêcheur est leur père. Le nom, l’adresse : j’enverrai les photos et ils m’enverront une carte postale. Que je mette bien mon adresse au dos de l’enveloppe. Coucher de soleil déjà. Quelle journée paisible. Ces étendues d’eau calme. J’ai bien fait de te proposer cette balade n’est-ce pas ! Nous avons marché deux heures. Je commence à sentir ma hanche. On rentre ?