Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

31 décembre 2007

VVT


VVT : Va où la vie t’invite !

Plume de colibri au revers de tes rêves
Ramassée en chemin, clarté jaune et mauve
Ecorce à graver sur la vague et la grève
Le calligramme incruste les lignes de ta paume

Sur la mare gelée se découpe une page
Des notes noctambules sont venues y frapper
J’ai entendu l’écho d’une nuit d’équipage
Prompte à ouvrir le jour, prête pour le fermer

Prends un pas inconnu et va à la rencontre
Laisse partir la plume, ne tient que le reflet
Il y a tant de livres où ton amour abonde
Il y a tant de portes pour ouvrir les secrets

Quand tu arriveras là où la vie t’invite
N’oublie pas d’inviter le soleil au couchant
Et que tes souvenirs ne soient que la guérite
Où tu as tout quitté hors la beauté du chant

20 décembre 2007

AUX DERNIERS JOURS D'L'ANNEE


Aux derniers jours d'l'année
que donnerais-je à Marie
une plume de coq
pour lisser les mots doux
qu'elle cueille sans compter

Aux derniers jours d'l'année
que donnerais-je à Gazou ?
un collier en choux
fleurs et choux pommés
pour donner aux cabris
qu'elle a apprivoisés

Et à Julie, qu'offrirais-je à Julie
aux derniers jours d'l'année ?
oh je sais ! je sais bien !
De la neige en cristaux
de la neige en pepites
pour mettre dans ses yeux
l'éclat photographique

Aux derniers jours d'l'année
que donnerais-je à Pierrot ?
une papillotte
en conte de Noël
et une troupe d'enfants
qui viendront déguster

Aux derniers jours d'l'année
que donnerais-je à Gelzy ?
un petit tour à Sète
et sans ordinateur
pour que le soleil entre
jusque dans ses mirettes

Au revoir !
" A l'an que vint" comme on dit à La loue
à tous et à chacun.

19 décembre 2007

L'ANNEE EST BONNE


L'année est bonne mais laquelle, celle qui s'en va ou la nouvelle ? Bah au choix ! Pourquoi pas les deux !

"Les demoiselles de ce temps
Ont depuis peu beaucoup d’amants
On dit qu’il n’en manque à personne
L’année est bonne

Nous aurons vu les ans passés
Que les galants étaient glacés
Mais maintenant il en foisonne
L’année est bonne

Le temps n’est pas bien loin encore
Qu’ils se vendaient au prix de l’or
Et pour le présent on les donne
L’année est bonne

Le soleil de nous rapproché
Rend le monde plus échaudé
L’amour règne, le sang bouillonne
L’année est bonne"

Vincent Voiture 1649

18 décembre 2007

MON STYLO D'OR

MON STYLO D’OR

Peut-être qu’avec un stylo d’or entre les mains je ne broierai plus du noir !
En tout cas l’essai est en lui-même méritoire.
Allons !

Tout un stylo en or, tout un stylo Victor Hugo, non ! Mais un stylo à plume d’or, oui !
Ma marraine me l’avait offert. Ma marraine en or. Car j’ai une marraine exceptionnelle, une marraine de la ville, une marraine secrétaire du Bâtonnier Perrault à Lyon, lequel est aussi écrivain. Sera. Je ne sais pas encore qu’il l’est, ni de quel bâton cet homme tient sa verge d’or.
J’ai treize ans car je suis à peu près sûre de situer le stylo après Noël dans la rainure du premier bureau de la rangée en cinquième, la division près du couloir au Cours Complémentaire de Morestel. L’autre, côté fenêtres, je l’ai quittée. D’être entrée en sixième par examen authentifié à douze ans je dois d’être passée en cinquième et je suis la première, le plus près du bureau du maître, le plus près du tableau, la plus près de la sortie dans le couloir et la plus exposée au classement trimestriel.
Une plume en or ! Qu’on se rende compte de son importance, de sa chance unique, même si le fait paraît insignifiant aujourd’hui qu’on tape, qu’on tapine sur des claviers. Je suis en avance sur mon temps, celui de mes petits camarades, même les fils ou filles d’institutrice ou de commerçant. J’ai un stylo moi, je n’ai plus une plume à tremper dans l’encrier tous les deux ou trois mots, un stylo qui court vite sur les multiples cahiers d’exercices et de cours. Un cahier bleu j’en ai aussi en dehors des obligations. Mon premier cahier d’écrivain. Cahier à demi clandestin. J’y loge des choses qui riment, donc s’appellent poèmes comme ceux des Victor Hugo et autres Lamartine. J’y loge des histoires enrubannées de réminiscences enfantines bien que j’ai quitté l’enfance et me destine à l’enseignement sans doute, peut-être, les maîtres en parlent je crois déjà. En tous cas mon maître principal. Mon directeur de conscience républicaine qui me donne des leçons particulières le soir pour remonter les math.
Mais le stylo à plume d’or ne durera pas longtemps. Je l’ai perdu en quelques mois, combien ? deux ou trois, pas plus. Il a quitté subrepticement ma trousse. Quelqu’un l’a-t-il aidé ? C’est ce que j’affirme à ma mère pour justifier sa disparition. Quelque jaloux, jalouse ? Non de mes talents d’écrivain et de mes 17, 18 sur vingt en rédaction mais de cet éclat sur le bois du bureau quand le stylo quitte mes doigts. Peut-être l’ai-je perdu. Je perds bien mes bonnets, mes mitaines. Mais ma mémoire avait entériné le vol jusqu’à ce soir.
J’ai bien perdu la tête. Je suis amoureuse. De Maurice, un grand dans l’autre classe. Peut-être depuis Noël et la consécration du stylo d’or. J’ose aimer. J’écris à fleur de peau. Je m’invente un amour en quatre dimensions. Il emplit tous les moments libres de ses vagabondages. Il colmate tous les précipices où la douleur s’engouffre. Il nie la fatigue et la petitesse de mes jambes et bras. Ah ce vélo si lourd à accrocher à la barre horizontale sous le préau ! Maurice m’aide-t-il parfois à le hisser ? Peut-être. Il serait surprenant qu’un amour primordial comme celui-là ne soit pas né d’un besoin de grand frère et papa.
Quoi qu’il en soit le livre avec son stylo d’or m’a fait revenir une fois de plus vers mes commencements en lignes. Commencements qu’à presque soixante-dix ( il faut que je prépare mon acceptation du nombre sans réserve ... ) je continue d’attifer, d’étoffer de mots et d’affirmations invérifiables.
Comment le quitter sans dégâts ? Sans sciatique ? Ne pas rire de ce souvenir imparfait, imprécis mais encore lisible. Ne pas pleurer bien sûr. Griffer de mots la page blanche non rayée de l’ordinateur dans la nuit.
Dans ma promenade hier au soir sur le quai d’Alger, un grand beau basané m’a souhaité le bonsoir et demandé si j’allais bien. J’ai répondu Oui sans explications trop techniques sur ma sciatique. La grille du bord de canal séparait nos deux soirées solitaires, son banc public de mon tabouret portatif. Lui astiquait des petites tortues sympathiques hochant la tête au vent, il les promènerait tout à l’heure sur son chariot à roulettes pour les vendre. Il était mexicain m’a-t-il dit, étudiant en droit, par ci par là. Je lui ai fait remarquer que son français était impeccable et que les études en droit pouvaient mener à l’Elysée. Bref ! je ne songeais pas au stylo. Les petites paroles coulaient sans chichi dans l’eau du canal. Je suis rentrée apaisée par un ou deux croquis, un ou deux renseignements inutiles : le nom des bateaux de pêcheurs :Ville d’Arzew II, Marseille, Eric Marin ST 924 860, le nom des immeubles : Le Grand Large, La Méditerranée …

Ma marraine habite toujours Lyon. Elle a cent trois ans. Mon maître, la Côte St André mais à quatre-vingt-dix il ne s’occupe plus du festival Berlioz.
J’aime toujours Maurice.

17 décembre 2007

LE STYLO D'OR 1

Le stylo d’or

CARLOS RUIZ ZAFON « L’ombre du vent »
Daniel :
« … J’avais décidé que je voulais être romancier et mener une vie de mélodrame. A l’origine de ce rêve littéraire se trouvait, en plus de la simplicité merveilleuse avec laquelle on regarde le monde quand on a cinq ans, un chef-d’œuvre de fabrication et de précision exposé dans un magasin de stylo de la rue Anselmo Clavé, juste derrière le Gouvernement Militaire. L’objet de ma dévotion, un somptueux stylo noir orné d’innombrables torsades et arabesques, trônait dans la vitrine comme s’il s’agissait d’un joyau de la couronne. La plume, un prodige à elle seule, était un délire baroque d’argent, d’or, avec mille stries, qui étincelait comme le phare d’Alexandrie. Lorsque mon père m’emmenait en promenade, je n’arrêtais pas de parler jusqu’au moment où nous arrivions devant la vitrine où était exposé le stylo. Mon père disait que ce devait être pour le moins le stylo d’un empereur. Moi j’étais secrètement convaincu qu’avec une semblable merveille on pouvait écrire n’importe quoi, depuis quoi, depuis des romans jusqu’à des encyclopédies, et même des lettres qui auraient le pouvoir de franchir toutes les limites imposées par la poste. Dans ma naïveté, je croyais que ce que je pourrais écrire avec ce stylo arriverait toujours à bon port, y compris en ce lieu incompréhensible pour lequel mon père disait que ma mère était partie sans espoir de retour. » /…/

Muria Montfort :

« L’après-midi précédente en passant devant la vitrine d’un prêteur sur gages, j’avais vu un stylo qui était exposé là depuis des années et dont le boutiquier assurait qu’il avait appartenu à Victor Hugo. Julian était trop démuni pour l’acheter, mais il le regardait tous les jours. Je m’habillai en silence et descendis à la boutique. Le stylo coûtait une fortune que je n’avais pas sur moi, mais le vendeur me dit qu’il accepterait un chèque en pesetas tiré sur n’importe quelle banque espagnole dans un agence à Paris. Avant de mourir ma mère m’avait fait promettre d’économiser au fil des ans pour que je puisse m’acheter une robe de mariée. Le stylo de Victor Hugo me priva de voile et de couronne de fleurs d’oranger, et j’avais beau savoir que c’était une folie, jamais je n’ai dépensé mon argent avec plus de plaisir. En sortant de la boutique avec l’étui contenant l’instrument fabuleux, je … » /…/

« Quand je fus au bout, je pris le stylo de Victor Hugo, décidée à en tirer le meilleur prix possible ; je trouvai derrière le Gouvernement Militaire une boutique qui faisait commerce d’objets de ce genre. Le gérant ne sembla pas impressionné quand je lui jurai que le stylo avait appartenu au grand poète, mais reconnut qu’i s’agissait d’une pièce exceptionnelle et m’en donna un bon prix, compte tenu des circonstances, en ces temps de pénurie et de misère. «

Daniel
« Je sentis qu’il me demandait de vivre et que je ne le reverrais jamais. Ce que je n’ai pas oublié ce sont mes propres paroles : je le priai de prendre ce stylo, qui avait été à lui depuis toujours, et de se remettre à écrire ;
/…/ cette nuit-là, en tentant de me rendormir, je tournai la tête sur l’oreiller et pus voir que l’étui était ouvert et que le stylo avait disparu.

Il contenait un livre intitulé L’ange des brumes. Je l’ai feuilleté en humant ce parfum magique des livres nouveaux, porteur de toutes les promesses, et mes yeux se sont arrêtés par hasard sur une phrase. J’ai su tout de suite qui l’avait écrite, et je n’ai pas été surpris, revenant à la première page, de trouver, tracée en bleu par la plume de ce stylo que j’avais tant adoré enfant, la dédicace suivante :
Pour mon ami Daniel
Qui m’a rendu la voix et la plume
Et pour Béatrix qui nous a rendu à tous deux la vie. »

16 décembre 2007

SYSTEMES REELS


de l'ATELIER D'écriture Systèmes Réels

je m'sens coincée dans les systèmes,
qu'ils soient réels ou fallacieux.
Quand la corde tire j'me fais la belle
et j'fous l'système à la poubelle.
C'est plus fort qu'moi ! ya rien à faire !
Pourtant c'matin, bien qu'c'soit dimanche,
je fonce vers l'ordi refermé.
Je l'ouvre d'un clic, je retrousse les manches
et je m'attèle à me rassurer.
Voyons ! j'me dis qu'est-ce qu'aujourd'hui
va-t-il pouvoir me proposer ?
Saurai-je encore, une fois de plus,
répondre à un mot de hasard ... ?

La mécanique est bien huilée.
Quand le mot tombe ou l'expression,
mes neurones sont tous branchés,
je dévale dans les locutions.
J'essaie d'échapper au système
des vieilles rimes enrubannées
mais elles rappliquent à fond la benne.
Tout juste le temps d'les attraper !
Pourtant j'aurais pu - c'est dimanche-
aller à autre célébration.
Mais à la messe dans mes parages
il n'y a plus de confession.
Où trouverai-je un banc parfait
pour m'asseoir et me reposer
dans un système ostentatoire
avec des bougies allumées ... ?

Il n'y a pas d'autre réalité
que mes deux mains sur un clavier
Le système sur lequel je couche
est un lit à ma juste taille.
( 1500 signes de la tête au pied)
Hosannah au plus haut des cieux !
Je suis vivante et je m'en vante !
J'ai tant de vin dans mes futailles
que je vais encore me saouler.
Pardonnez-moi si vous pouvez
d'être tombée dans l'même système
qui consiste à me regarder
avec vos yeux dans mes mitaines.
Merci d'la peine qu'vous voudrez prendre
à me dire bonjour ce dimanche !

15 décembre 2007

ELLE AIME ENO


Elle aime Eno

Elle, Aile, ça commence par un A ? par un L ? par un E ?
Ça recommence tout le temps
Elle n’en finit pas d’aboutir …

Adèle Eléonore Elle parcourt l’Alphabet et par monts et par vaux et par chèvre et chimère par cheval au galop par Pégase au p’tit trot la v’là déjà à Zèbre, à Wapiti ou à Xérès …
Elle repart, recommence, réédite, réapprend.

Eloïse Amoureuse Amandine Amarante Libérée Libertine elle aime tout le temps, les fronts bas, les verbes hauts, les yeux gris en amande, les yeux bleus au plafond, les turquoises, les topazes, les agates, les mélèzes
les chênes verts
l’espérance aux frontières.

Eno est tout comme Elle. Ça tombe bien.
Ah ! il est bien tombé Eno dans ses filets !

Tout sauf un p’tit détail, juste un morceau de chair, rien qu’un supplément d’âme quand ils sont de concert

Elle raconte des histoires, son échelle en plein ciel, son tabouret près de l’âtre, ses poches pleines de surprises, ses pommes et ses noisettes, jusqu’à s’en faire péter les d’ssous de la ventrière

Elle aime Eno.

Elle aime à fond la caisse, elle aime à fend la bise. Elle bisouille à tout va. Puis elle se calme. Elle rengaine sa rengaine. Si elle déploie ses charmes elle veille à pas gêner, fais gaffe à pas s’en faire …

Elle aime bien quand Eno écoute c’qu’elle a à dire. Elle lui tend sa tirelire. C’est pour lui. Qu’il se serve !

14 décembre 2007

CYCLAMEN BLANC


Mon rêve se terminait sur un magnifique cyclament blanc en pot, là, juste à portée de main sur la gauche. Je ne sais pas s'il m'avait été offert ou si je l'avais acheté mais, dès que consciente, j'ai eu envie d'un beau cyclamen blanc à côté des roses, rouges, fuschia, dans la véranda. Ils sont pas mal eux aussi ! Bien en chair si j'ose dire, bien en présence affectueuse et affectueusement efficace. Les matins ils me transmettent une énergie rouge ou rose mais toujours colorée. C'est ma soeur qui me les offre. Celui de l'année, cette année, est flanqué de ceux des années passées, miraculeusement sauvés d'un été au dehors à se débrouiller tout seuls.
Là, sur la gauche aussi, mais se refermant sur la tranche, il faut que je le maintienne ouvert d'une main, le délicieux livre d'Henry Miller " Le sourire au pied de l'échelle". J'aimerais tout vous citer, vous le mettre en bouche tant il est savoureux, mais contentez- vous de cette citation :
" Bon, il y a une chose que je comprends, à présent... mon bonheur était réel, mais sans fondement. il me faut le rattraper au collet, mais cette fois honnêtement. et m'y cramponner des deux mains, comme à un bijou inestimable. Apprendre le bonheur/...
c'est peutêtre ma dernière chance. Je repartirai de rien, une fois de plus.
Sur quoi, il en vint à méditer le nouveau nom qu'il prendrait /:../
oui, j'inventerai quelque chose de nouveau, d'entièrement neuf. Je n'en serai peut-être pas plus heureux pour ça, mais du moins ça me tiendra sur le qui-vive. pourquoi pas l'Amérique du Sud ..."
au revoir ! Signé Gezycyclaminette de la Blancheneige

13 décembre 2007

TANT DE HASARDS


Tant de hasards

Tant de hasards ont croisé leurs écheveaux
pour ce seul oiseau posé sur une branche
Tant de matins insatisfaits
Tant de débarquements sur une plage près de Calais
Tant d’avalanches
que le vol de l’oiseau replié sur ses pieds
m’est nouveau

« Comprenne qui pourra » dit celui qui savait
Je n’ai jamais compris ce qui me fait chercher
derrière des paroles vieilles
le lever du soleil, l’élan d’une conscience
la certitude d’une espérance
comme l’oiseau

Quand je bois dans les mots formés par tant de lèvres
Quand j’ai peur pour les cris qu’on n’a jamais bercés
J’entrevois le mystère de la veille
transmué dans le chant de cette matinée

Non ! je ne dirais pas qu’il m’en pousse des ailes !
Mais un rire à mon rire vient joindre ses reflets.

12 décembre 2007

O VIEILLESSE ENNEMIE !


traduction en langage actuel "ô la vache !)

Bien chère G
C’est sûr, « Entre les lignes », ELL, prend des ailes mais alourdie par l’âge je ne peux suivre son essor et comme l’oiseau trahi par ses rémiges devenues fragiles à cause de la vieillesse je reste devant la page blanche, incapable de m’élever en écrivant quelques phrases bien balancées dignes d’être lues par nos amis car, à la décrépitude physique insidieuse, régulière et sûre qui se rit de tous remèdes, inventions médicales, greffes ou préventions vient s’ajouter un ratatinement de la matière grise qui me fait perdre la mémoire, les mots s’échappant pour m’exprimer, oralement comme par écrit ; il m’arrive de chercher un mot durant des heures, même la nuit est passée à cet exercice … ce mot commence-t-il par a ? non ; par b, non … et jusqu’à z- si je n’ai pas trouvé je recommence et tout-à-coup il me revient à l’esprit… vite je le note.- heureuse de l’avoir sorti de l’ombre de mon cerveau.
Et pour l’heure je fais l’apprentissage de la solitude, mon mari étant hospitalisé pour interventions chirurgicales- oui, au pluriel- à l’œil et à l’appareil urinaire- ô vieillesse ennemie !- l’échinopsis, que vous avez photographié en fleurs durant une de vos visites au 55 rue du travail, est fleuri sur le balcon. Mais lui aussi a vieilli et n’a donné cette année qu’une seule fleur, d’autant plus précieuse par sa rareté et que je suis allée admirer souvent, pour compenser si l’on peut dire.

*une lettre retrouvée en rangeant les tiroirs, d'un temps sans blog où une revue d'écriture et de poésie amoindrissait les distances et reliait les fils.

11 décembre 2007

CHACUN SA CHIMERE


CHACUN SA CHIMERE

Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés.
Chacun d’eux portait sur son dos une énorme Chimère, aussi lourde qu’un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d’un fantassin romain.
Mais la monstrueuse bête n’était pas un poids inerte ; au contraire, elle enveloppait et opprimait l’homme de ses liens élastiques et puissants ; elle s’agrafait avec ses deux vastes griffes à la poitrine de sa monture ; et sa tête fabuleuse surmontait le front de l’homme, comme un de ces masques horribles par lesquels les anciens guerriers espéraient ajouter à la terreur de l’ennemi.
Je questionnai l’un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu’il n’en savait rien, ni lui, ni les autres ; mais qu’évidemment ils allaient quelque part, puisqu’ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher.
Chose curieuse à noter : aucun de ces voyageurs n’avait l’air irrité contre la bête féroce suspendue à son cou et collée à son dos ; on eût dit qu’il la considérait comme faisant partie de lui-même. Tous ces visages fatigués et sérieux ne témoignaient d’aucun désespoir ; sous la coupole spleenétique du ciel, les pieds plongés dans la poussière d’un sol aussi désolé que le ciel, ils cheminaient avec la physionomie résignée de ceux condamnés à espérer toujours.
Et le cortège passa à côté de moi et s’enfonça dans l’atmosphère de l’horizon, à l’endroit où la surface arrondie de la planète se dérobe à la curiosité du regard humain.
Et pendant quelques instants, je m’obstinai à vouloir comprendre ce mystère ; mais bientôt l’irrésistible Indifférence s’abattit sur moi, et je m’en fus plus lourdement accablé qu’ils ne l’étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères.
BAUDELAIRE Le Spleen de Paris. Petits poèmes en prose.

10 décembre 2007

MOMENT LIBRE


de l'atelier d'écriture
J'ai tant couru après un moment libre. Libre, vraiment libre, d'occupations, de préoccupations, de responsabilités. Un moment à ne rien faire ou à faire ce qui me passe par la tête : partir en voyage, aller nager, écrire ... et puis soudain, après de longues années d'approche, de préparations, de volonté, le moment libre est arrivé. Suivi d'un autre, d'un autre encore ... la retraite, les enfants loin, les petits enfants grandis ... J'ai pris peur de cette liberté. Je l'ai occupée de lectures, de tonnes d'écriture, de stages de ceci et de cela. Je me suis même lancée dans l'aventure de la scène à occuper de mes chansons, de mes textes ... Terrorisée à l'idée d'être seule face à un long moment libre privé de jambes, de souffle, de petite espérance.
Ce soir, le moment libre est venu doucement à moi sans que je le convoque. Après-midi occupée par la sieste, la promenade, la répétition du conte et des chansons en vue des séances de mercredi, vendredi, samedi. Pas de souci que la semaine soit désertique. Cuisine un peu, juste ce qu'il faut pour apprécier de peler les pommes, d'y ajouter la pâte
de coings, le miel, de prévoir le repas ... Je suis venue à l'ordinateur comme en visite, contente d'y trouver la proposition. Est-ce la neige tout autour, bien dense, bien blanche qui m'offre la densité, la blancheur d'un moment libre à contempler, à palper du regard, à faire glisser et glisser avec lui sur la surface d'un silence habité de murmures et de partage.

08 décembre 2007

LA FOLLE ARAIGNE



J’aurais pas dû
Y aurait fallu
J’ tourne au plus court
J’brie au plus long
J’me rétrécis
J’allonge ma toile
Elle craque
J’ai des velléités sonores
Des lueurs d’contentement
Ah tout envoyer balader dans un cerveau brumeux où j’pourrais me r’trouver !
Ou dans un plus costaud un bien plus cérébral
Où j’y verrais que dalle mais où trouver ma place
Une petite place un minimum



Elle perd la tête la pauvre araigne
s'emmêle les pattes
Elle perd ses plans sur la comète
Fait des tentatives aériennes puis rentre sous terre

J’sais pas où j’suis
Peut-être au centre
J’glisse-t-y sur ma pente
Ou celle de ma voisine ?
Et sans en avoir l’air
De péripéties en périphéries
De neu neui lly en banlieues tentaculaires
J’ergote et j' blasphème à tort et à travers

Tant va l’arachnidée à vau l’eau
Qu’à la fin elle se casse
Elle se noie dan sa tasse
Elle tourne en rond et en carré
Elle écartèle le cocotier
Elle est pucelle, elle est grand-mère
Elle suce son pouce, elle en a rien à faire
Tout ça après tout c’est pas ses oignons
Nom de nom

A la va-comme- j’t’pousse
Elle pousse un cri

AH … ï … Hi … yi

Elle introspecte elle interfère
Puis elle se calme
Du profond de son âme elle remonte en surface

Elle fait pipi

Et c’est fini

07 décembre 2007

POUR EN FINIR



AVEC L'ALPHABET !

Y

5 Août
Y A T-IL EN MOI en plus de mes amours et de leurs craintes le fil tenu d’un espoir à tresser avec les hirondelles ? Il m’arrive de le croire, de le sentir. Je ne m’applique pas à penser et je pense. Je ne m’efforce pas à chanter et ça chante en moi et au dehors. Je ne m’inquiète pas de la durée et le temps se pose tranquillement, heureusement, sur les couleurs de mes tableaux. Je marie les mots venus à l’espace des formes encloses dans un trait avec le rythme qui respire. Le bois, la pierre, la plume, la terre ont la légèreté de l’air dans le nuage. Je n’exagère rien. D’avoir réduit mes prétentions a ramené à leur juste valeur, immense, les petits pas et les petites fleurs.



Z

4 Août
ZENITH. La bonne surprise est que je ne tente plus d’y parvenir. Je suis dans une honnête application aux choses que j’aime : le piano, ma respiration, ces pages d’écriture programmées sur canevas. Guère d’attentes. Je ne m’interdis pas de les faire connaître le moment venu. La courbe du soleil satisfait à ma marche prudente. Les gestes s’enchaînent aux gestes, ma voix intérieure à ma chanson. J’ai eu plaisir à la chanter à Pierre D. Jeanine, Marie-Andrée … il y a un instant à Pierre le jardinier. J’ai eu facilité à en plaquer les accords, à en troubler le rythme et à le faire varier. En quelque sorte un zénith descendu sur terre à ma portée. Cette sagesse proclamée peut paraître suspecte. Mais bon ! Quand on arrive à la fin de l’alphabet pourquoi se tourmenter sur les premières lettres. Exercice de calligraphie. Le Z du zénith est un zèbre courtois

06 décembre 2007

CHIMERE


CHIMERE

Il s’agissait de loger sous le pont (ou dessus) un personnage imaginaire. J’y ai planté une chimère, bien embarrassée pour la définir, la décrire. Chimère … imaginaire … seins de femme et sabots de cheval … un petit air de Léo Ferré rôdait du côté des étangs … je me suis laissée porter à la dérive. C’était Moi la chimère et Elle bien sûr, qui m’échappe toujours et dans et danse sur le pont quand mes jambes sont clouées au lit …

Travail d’élucidation aujourd’hui jour de pluie
Latin chimaera, grec khimaira : forme variable mais corps ou tête de chèvre : il y a donc du caprin, du caprice et de la caprine là dedans …
MAIS le mot évolue, forme adjectif et vers 1800 désigne un poisson d’aspect étrange. Voilà qui nous ramène sous le pont. Puis à la suite des travaux de Winckler (1907) en botanique et de Spemann (1929) en embryologie animale désigne tout organisme créé par manipulation de tissus génétiquement différents ! Aïe ! passer de la mite au logis pour tomber sur la brebis Dolly et autre clone fantastiquement inquiétant. Imaginez un président, par exemple, créé de toutes pièces en laboratoire politicopharmaceutique et possédant à gauche tête de lion, à droite tête de linotte. Propulsées sur la scène médiatique la gauche et la droite deviennent des bas-côtés et ce sont des pieds de centaure et d’alouette qui mènent la danse !
Alouette, alouette, je te plumerai la crête … je te plumerai le dos …
J’en ai un frisson, une sciatique aiguë dans le ... Savoir que la science est capable, est en train, de rattraper le délire de l’imagination créatrice, brr !
Mais revenons à nos moutons, pardon ! à notre chèvre ( chimaira) :
« tandis que le bouc (tragos) symbole de la lubricité et de la vitalité débordante est considéré de manière négative, la chèvre est très honorée en tant que nourricière ; la corne de chèvre est symbole de fécondité.
Retour à la case départ : la femme allaite avec deux ailes et sous le pont va falloir loger des tas de petits lardons …

Dans l’encyclopédie des symboles je trouve cette composition en trois : être hybride formé d’un lion, d’une chèvre et d’un serpent. La chimère était la fille d’Echidna, une femme serpent, et du monstre souterrain Typhon, son frère n’était autre que Cerbère, gardien de l’enfer. Sa figure triple est considérée comme le symbole de la division de l’année en trois parties, le lion /printemps ; la chèvre/été et le serpent/hiver. Bon ! ça se clarifie en même temps que ça s’opacifie ! hi ! hi ! hi !
Le masculin et le féminin cul par dessus tête, l’année en trois qui se met en quatre, les forces sataniques tuées par Belléphoron chevauchant Pégase, lui même préfigurant St Georges et ST Michel Ou you youille !

Au moment où je désespère d’y voir clair, merveille ! Glissé comme marque page dans l’encyclopédie ce dessin de Théo, mon petit fils 9 ans, trois petits cœurs orangés qui s’envolent et me posent un bisou sur le front. La voilà la belle unité fondamentale !

/…/
un jour nous nous embarquerons
sur l’étang de nos souvenirs
et referons pour le plaisir
le voyage doux de la vie
un jour nous nous embarquerons
mon doux Pierrot, ma tendre amie
pour ne plus jamais revenir

alors tout sera lumineux mon amie
( l’étang chimérique de Léo)

05 décembre 2007

BABA YAGA


proposition de l'atelier d'écriture
Oh je la connais très bien Baba Yaga. C'est la sorcière, russe je crois d'origine mais sans nationalité fixe et sans domicile fixe pour le commun des mortels. Présentement elle se trouve à mes côtés, jouxtant l'ordinateur. Ses yeux étincèlent. Son balai abaissé est prêt à l'emmener où son rôle bien défini ( faire peur, terroriser, foutre la m.) est réclamé. Ses longs ongles carnivores se disposent à lacérer, à déchiqueter, à démantibuler, à éviscérer, Son unique dent lui donne un sourire de dentiste avachi, démonétisé, démoniaque ... Elle dispose même d'un pile rechargeable pour ricaner de terribles aaaah aaak aiiiiiiak. C'est dans un marché portugais que je l'ai dénichée. J'ai eu le coup de foudre. Ah te voilà Baba Yaga ! la mère abusive ! la mar'épouse ! la dévergondée ! la traîtresse ! la femme quoi : la mal famée ! Viens ici que je t'approche de plus près ! C'est moi qui vais te faire danser !
Un ami particulièrement tourné vers le ciel me conseille de la faire disparaître de mon environnement, s'offusque de sa présence si près de moi. Je présume qu'il craint son influence. Il doit en avoir peur. J'ai relevé récemment (chez M L Von Franz je crois : la femme dans les contes de fées) " tous les dragons de notre vie sont peut-être des princesses qui demandent à être réveillées". Hé Baba Yaga ! ma douce, ma mignonne, viens faire le ménage à la maison ! Viens préparer le divin enfant à naître d'une vierge ! Pour l'instant elle n'a pas encore répondu ! elle attend que je sois à bout de mes 1500 bons caractères …

04 décembre 2007

CHANTER


Chanter

Tant qu’il est encore temps …

Je reviens d’un Week end de chant, du blog de Gazou à l’instant. Bonne occasion pour chanter à nouveau le chant et ses effets thérapeutiques.
Toujours la frousse de partir sur les routes, d’y rencontrer le froid, la sciatique, etc … le loup bien sûr qui hurle au fond des bois. (Mais depuis un certain Garrou québécois nous savons que le loup peut chanter à ses heures !) Au retour : de nouveaux projets ! plein la hotte ! ça passe encore, ça peut passer ! Profite-en donc ma belle ! Vas-y avec ta Femme-patchwork ! Prépare les morceaux à coudre !
Chant collectif où chacun donne et entend la voix du chœur qui lui revient comme partie de soi-même et du grand univers.
Samedi je raclais ferme la gorge, j’allais cracher, tousser, expectorer entre deux exercices … Dimanche la voix était là, juste et puissante, la voix improvisée et la voix travaillée, disciplinée, obéissante. "Suffit de demander", elle disait ! Il faut dire qu’au royaume du chant notre maîtresse est maîtresse d’elle-même. Elle sait traiter la voix comme une grande personne à qui on peut faire confiance et un bébé à choyer, à encourager souvent.
Dans ROAD TO NOWHERE les choristes du groupe américain Youth @ Heart ont de 76 à 86 ans. Ils chantent du rock ( à Strasbourg du 6 au 15 dec.) Si l’un d’eux s’en va chanter là-haut ils continuent la tournée. Jeanne est née en 1926 « Chanter me met en forme. Sur scène ou en répétition, jamais je ne sens mon arthrite. La voix c’est un souffle de vie. »
Quelle chance nous avons, Gazou, d’avoir le temps, l’envie, les moyens de gazouiller encore ! Que nous ayons dû attendre longtemps l’occasion a renforcé notre détermination.

Aleiki minni salam je te salue ô terre de mes ancêtres
Ya arda adja di la vie est douce à tes côtés
Fa afi qitabal moukam
Wataba i-inn cha-adi qu’il m’est agréable de chanter

03 décembre 2007

ALPHABET X



X

4 Août
X est pour moi assez lointain dans cette Loue paisible d’Août où j’ai fait plus que poser mes valises : arraché de mes jambes la fièvre du voyage. X, cet inconnu qui m’habite, ne m’interroge pas. Oh ! il recommencera à la première occasion et quand mes jambes auront retrouvé leurs fourmillements. N’empêche que X, ni à la grande école, ni à la petite, ne semble avoir rien à m’apprendre. Il est celui, ou celle, qui franchira ma porte à l’improviste et que j’accueillerai. Il est le livre pas encore lu ni même feuilleté, la fleur des champs pas encore reconnue et pas encore nommée. Il est, présentement, la fumée odorante du feu de broussailles et, pour peu que je le décide, les haricots qui cuisent dans la casserole avec cette odeur du dehors. X haricots de ma Xième récolte.

01 décembre 2007

OISEAU



NE DEMANDE A L'OISEAU
LE POURQUOI DE SON CHANT
LE COMMENT DE SON VOL

SUIS-LE DES YEUX
DES AILES
ET DE LA VOIX