Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

13 décembre 2009

LES INVERSIONS


atelier d'écriture
A ne pas confondre inversions et conversions. A ski comme les conversions me coûtaient, mes jambes trop courtes pour ces longs skis de mes débuts. Les skis ont raccourci, mes jambes aussi mais je ne converse plus. A ne pas confondre conversion et conversation quoique ce peut être à la suite d'une conversation qu'on se retrouve converti. A ne pas confondre inversion et introversion quoique inverser les syllabes peut amener au plus intérieur de ses recherches pour dire sa langue et nulle autre.
Inversement je crois me rappeler que si j'ai toujours su parler à bâtons rompus j'ai pris plus d'un retour de bâton quand j'ai voulu changer de sens brutalement. Aujourd'hui encore j'en reçois quelques-uns de ceux qui eurent à pâtir de mes décisions, mes enfants. Je dois bien m'avouer qu'alors je ne les avais pas consultés pour retourner les skis brutalement et partir sur une tout autre pente. En fait je me suis vite aperçu que toutes les pentes se valent, seuls comptent nos moyens du moment pour les négocier. Mais il ne me faudrait pas confondre négociation avec invalidation, pas plus qu'invalidité avec incompétence et d'autant moins invagination avec stérilité. Abandonner donc une attention stérile aux nuances du dictionnaire. Laisser les deux facteurs entrer dans l'ordre qui leur plaît dans l'ordinateur, quitte à ce que les frères jumeaux se contredisent et que l'un détruise le fichier de l'autre. Au fait je viens de retrouver mon agenda 2010, SOUS le bureau, et non DESSUS. Inversion ?

12 décembre 2009

COFFRET HOLLANDAIS

La boîte à couture
Chez Nous c’était une boîte en fer blanc ancienne boîte à biscuits de 1 kg. On disait alors « les petits beurre ». Mais celle-ci, celle que Nicole a sortie de son musée comme la plus précieuse d’entre toutes les boîtes n’est qu’un tout petit coffret. Juste de quoi loger les aiguilles à repriser, à coudre, même pas à tricoter ! les bobines de fil, le dé, même pas la paire de ciseaux ! sauf peut-être les ciseaux à broder qui y entreraient en diagonale.
Si nos cafetières familiales se ressemblent à Nicole et à moi, nos boîtes à couture, elles, inversent la proportion : c’est moi qui aie la grande, elle la plus petite.
Toutes deux boîtes à urgence : un bouton à recoudre, un point à faire pour consolider une poche qui laisserait passer les sous, voire une « chatruire, une pougnète » traduisons : un raccommodage hâtif et de première nécessité mais guère appliqué.
On changeait peu souvent d’idée à l’époque, encore moins souvent de chemise ! il fallait « garander » c’est-à-dire faire durer autant d’années que possible « les chemises, les pantalons, les culottes et les bonnets de coton … »
Je doute beaucoup qu’il y ait encore une boîte à couture sur les étagères de nos petites filles. Même si nous avons eu soin dans leur jeune âge de leur faire parvenir, par Père Noël interposé, un nécessaire à couture dans une belle boîte neuve qui ne soit pas de récupération.

Nos boîtes à couture étaient en permanence à portée de mains pour un sauvetage rapide. « Passe-moi la boîte à couture ! » et hop ! le trou était bouché, la déchirure dissimulée.
A propos d’aiguilles, j’ai retrouvé à La loue le tube qui les recevait. Ou bien elles étaient seulement enfilées sur une tombée d’étoffe
« Enfilons les aiguilles, les aiguilles
Enfilons les aiguilles de bois »
C’est le refrain que nos ribambelles de filles enfilaient dans la cour de récréation. Curieuses aiguilles « de bois » !

Mais pour en revenir aux aiguilles dans la boîte à couture de Nicole quelles sont celles qui ont navigué de Hollande jusqu’à St Nizier ? Aiguille de bois ? aiguilles d’eau ? car je découvre à l’envers de la boîte la marque de fabrique :
WED J BEKKERS ZOON DORDRECHT ( hollan)
que Nicole n’avait pas remarquée. Elle aurait pu être alertée sur l’origine de l’élégant coffret par le drapeau qui flotte sur les côtés de, goëlette ou galion, du beau bateau qui va sur l’eau …
Cadeau d’un cousin voyageur ? Oubli d’un client hollandais ? Qu’importe ! la boîte ayant abordé à St Nizier s’y est trouvée si bien qu’elle s’est fixée au Bel Ombrage du Café de la Gare. Dans le cœur tendre d’une jouvencelle.

Enfilons les aiguilles, les aiguilles, enfilons les aiguilles de bois
Elles sont pas à moi ! Elles sont à ma mère !

Maman les p’tits bateaux qui vont sur l’eau ont-ils des ailes ?

11 décembre 2009

FINIR EN BEAUTE

Elle est plus que centenaire. Depuis 17 ans à la maison de retraite. Aneta est venue avec moi pour lui parler dans sa langue maternelle.
Avant la séance de conte nous demandons à la voir.
Une soignante nous emmène jusqu’à sa chambre.
Sur le lit elle est allongée, recroquevillée. On dirait une toute petite fille. Aux premiers mots de polonais son visage s’éclaire. Elle saisit les mains d’Aneta, les baise, caresse son visage penché vers elle.
La jeune femme soignante l’emmène pour l’habiller, la coiffer.
C’est une jolie jeune fille aux cheveux de neige qui réapparaît sur le fauteuil roulant. Le buste bien droit, les mains sagement posées sur la veste blanche. On la croirait sortie d’un album d’images.
Elle ne parle pas, ni en français ni en polonais. Mais en bisous, en caresse est intarissable.
Au premier rang du demi cercle d’auditeurs elle restera jusqu’à la fin des contes.
Je la quitte emportant quelque chose de son éclat, de sa joie, de sa tendresse universelle.
Dans le couloir Aneta et moi nous nous embrassons longuement, très émues d’avoir partagé ces minutes de prolongation du match de l’invincible Natalia.



La peinture de Palekh est une merveille de l’art russe.
Palekh est une petite bourgade située au bord de la rivière Palechka à 300 km au nord de Moscou.Vers 1894 elle comprenait 204 maisons et 1431 habitants. 250 hommes et 120 adolescents pratiquaient la peinture d’icônes. Quant aux livres ils constituent des œuvres d’art à part.

10 décembre 2009

CAFETIERE Bis


Le bâtiment Café de la Gare après 1929 devient HôTEL- RESTAURANT jusqu’en 1948 quand disparaît le tramway. Il a deux entrées et trois pièces en enfilade La salle de restaurant, la salle de café bar et la cuisine. La cafetière trône dans la cuisine sur la cuisinière à bois mais il n’était pas rare que les clients s’engouffrent dans cette cuisine pour une partie de cartes ou pour plus de rapprochement avec les autochtones. Car ils ne venaient pas seulement chercher de quoi se restaurer à St Niz les gones de Lyon, Les Parigots, ils aimaient la convivialité et le franc parler des montagnes. Nicole se souvient de ces clients avec lesquelles le contact amical n’est pas rompu, 50 ans après, qui l’aidèrent, à la cuisine, en famille, à manger le gâteau d’anniversaire de ses dix-huit ans.
Autre différence notoire avec la cafetière modeste de La Pélagie, comme les garçons avec les filles, la cafetière du grand Café a un robinet à la base au lieu d’un bec versoir.

En cas de gigantesque panne d’électricité, serait-elle encore capable de servir ? Sans doute. Elle a été rétamée plusieurs fois, la grille bien astiquée retiendrait encore la poudre venue du moulin à café arrimé à une étagère. En poussant un peu son corsage rentre encore dans la jupe et le robinet de laiton peut se dégripper. Inusable la cafetière de Nicole ! Inépuisable.

Elle est belle, elle est mignonne
C’est une bien gentille personne
Comme Mémé Zoé on peut la voir
Alerte du matin au soir
Elle a toujours le sourire
Telle qu’elle est elle aide à vivre
A descendre à ski jusqu’à Grenoble peinard
Papa Darius l’astique le soir !

09 décembre 2009

LA CAFETIERE DE NICOLE

Quand j’ai demandé à Nicole de sortir de son musée trois objets elle est remontée avec deux cafetières, un petite boîte métallique et un objet de bois que je n’ai su identifier. J’avais refusé de faire ce choix avec elle …à sa place.
Trois objets dont le point commun était qu’ils arrivaient tous de sa famille, du café de ses grands-parents puis de ses parents à St Nizier du Moucherotte.
C’est moi pourtant, en dehors de mes intentions premières, qui tendit les mains vers les deux cafetières pour les faire parler. Mais surtout vers l’une, la plus authentique, non recouverte de peintures décoratives postérieures à son emploi.
Les cafetières de Nicole ont donc été doublement choisies pour être les premières à se raconter. Et des deux, la plus rouillée, la plus vieille vraisemblablement. Elle, que voici dans toute sa gloire passée et son humilité présente.

Elle ressemble à celle de la Pélagie, avec ses deux étages, trois si l’on compte le couvercle absent, perdu, oublié à la cave quand le café fut vendu.
Mais un degré en hauteur de plus.
Car elle est elle, cafetière de Café à café. En somme mathématiquement cafetière au carré ! Pour ses formes : aussi ronde et gironde que la Pélagie.
Elle contient dans les trois litres du breuvage réconfortant.
Mais, outre sa contenance exagérée, elle porte sur les deux étages doubles poignées pour la saisir, quatre donc en tout. Il ne s’agit pas de la renverser ou de laisser s’échapper le précieux liquide brûlant.
Pas étonnant que ce matin, pensant à elle, c’est la caissière du Grand Café qui entonne :

Elle est belle, elle est mignonne
C’est une bien gentille personne
Sur l’ bord d’la cuisinière on peut la voir
Superbement luire dans le noir
Dès le matin elle fourbille
C’est sûr qu’elle est gentille
A servir les passants
qui arrivent par le car
ou le tramway et ça jusqu’au soir

08 décembre 2009

COMPOSITEUR


Autre composition à l'atelier des enfants au musée

Proposition de l'atelier d'écriture
(quand on me dit "COMPOSITEUR"

Il y a de la musique dans l'air. Est compositeur (ou trice) qui fabrique des chansons. Dit-on de Mozart qu'il est compositeur ? Musicien oui bien sûr, créateur de musique, un grand musicien sans doute, un grand compositeur pourquoi pas ? Il n'y a pas de grande composition d'un côté et de petite composition à minimiser, à ravaler à la seule chansonnette de l'autre. Le talent de faire chanter les notes ensemble c'est donc de la composition. Et donc (bis) - mais oui ma chérie ! - tu es compositrice toi aussi au même titre que Mozart. Mais le typographe aussi est compositeur. Il est même payé pour ça. Donc l'auteur de l'article du journal qui a ajusté les mots pour le sens est également compositeur. Tous ceux qui composent en somme, à base de mots, de notes ou de couleurs sont compositeurs.
Te voilà bien avancée ! Allez avoue-le ! Tu n'as qu'une chose à raconter aujourd'hui : c'est ce qui t'est venu sur la route de Villard tout à l'heure. Tout en conduisant avec attention tu a repensé à ce que te disais Patrick un moment auparavant et ce qui t'est remonté en mémoire c'est cette chanson que tu composas il y a longtemps " Oh cette pensée lente qui vient ... " Tout est revenu en bloc. Les trois couplets ont même franchi tes lèvres. La deuxième voix est venue rejoindre la première. C'était celle de Sylvia. Le piano s'est efforcé de suivre. Le soleil continuait à briller, les montagnes de Lans à fondre leur neige ... qui vient …oh cette pensée lourde à tes reins auras-tu le temps …

07 décembre 2009

CHAISE à CONTER



Entre la peinture et la musique hier il y eut une tranche de rue. Grise la rue mais pas trop pluvieuse. Fin de marché aux légumes autour de la halle : quatre mandarines pour 50 centimes. En touriste de la ville j’aime bien ces moments des dimanches dans des quartiers battant encore au rythme de la vie de quartier. Dans les rues adjacentes à la place Notre Dame, brocante. Quelle aubaine !
Les habituels déferlements de vieux livres, vaisselle, bibelots, chaussures ( hélas trop grandes la paire de vernis noir) … halte chez la productrice de livres à colorier pour enfants. Dédicace pour Tom « Bon plaisir de coloriage, Sylvie » et là, en bout d’épandage : la chaise. Le marchand occupé avec les collègues à grignoter et téter la bouteille se rapproche. Plaisanterie sur la chaise en bois d’arbre, son âge, ses chevilles et affaire faite aussitôt avec juste ce qu’il faut de marchandage : 30 euros au lieu de 35. Instantanément la chaise m’avait dit qu’elle était d’accord pour les contes, juste à hauteur des enfants installés. « Pour le reste, ajoute-t-elle, à toi de jouer ! » Le porteur en prend livraison et par chance la chaise va juste sur le siège arrière de la petite Twingo.
Prochaine occasion de commencer son travail mercredi à la maison de retraite de Villard.

Il était une fois une chaise, l’âme chevillée au corps et le cœur sur la main. Elle s’appelait Guillemette depuis que Misayre l’avait taillée dans un chêne pour sa mie …

06 décembre 2009

gris et couleurs



Couleurs et gris
Grise la journée, pluvieuse, morose : neige fondue, uniformité des gris, disparition des chaînes de montagnes. Heureusement que je les avais fixées la veille au lever.



Mais Gaston Chaissac au musée de Grenoble. Exposition encadrée par deux concerts. Nous n’avons consommé que le premier : Maurice Emmanuel, Francis Poulenc, Camille St Saëns, Albert Roussel et Paul Dukas.
Une débauche de couleurs joyeuses. Comme quoi un peintre pessimiste peut, au bout du pinceau, s'accorder avec l'arc en ciel.
Dans le couloir d’accès au vestiaire un grand-père enthousiaste nous apostrophe. Il a flairé en nous des grands-parents facilement attendris. Son petit, retour de musée, a exécuté trois dessins en moins d’une heure, trois chef-d’œuvre. D’ailleurs il en a fait des photocopies pour les apporter à l’atelier du musée.
Au dit atelier du mercredi que nous découvrons en fin d’exposition, se côtoient sculptures, peintures, coulures, ramures, et là la photo est permise. « ces objets transformés par l’art viendront meubler au fil des jours l’intérieur d’une immense maison, inspirée des années 50. »

05 décembre 2009

art ...Tiste et tichaud


En allant sur la roue vers Maureillas, découvertes des paysages de Soutine … les platanes étonnamment ressemblants depuis 1922 à la déformation outrée du peintre
Serment ( !) d’oser ainsi simplifier, colorer, à l’emporte-pièce à conviction.

De Soutine je ne connaissais guère que le bœuf écorché et quelques portraits. Soutine c’est l’anti-Poutine. De celui-là tu vois la gueule bien rasée à la télé, propret, calme, langue de bois. Celui qui envoie au casse-pipes en Tchétchénie ses p’tits gars et sans rations alimentaires pour les rendre plus féroces, ne te montre, même pas le sommet de l’iceberg, mais le reflet dans une glace de ce qu’il veut que tu vois.
Soutine sort les tripes. Le petit juif errant persécuté fixe son œil douloureux et pourtant aimant sur ce monde qui le refuse mais dont il veut forcer la porte ;

Va voir Soutine, n’y va pas ! je n’ai pas de conseil à te donner si ce n’est cette affirmation péremptoire : c’est TOI qui dois faire le chemin.
Comme en amour : fifty/fifty

Je te souhaite de te rencontrer dans l’art comme tu sais le faire avec une personne. Sans peur et sans reproche ! Tranquillement. Expérimente. Ose, choisis. Aide-toi des conférenciers, des livres. Oublie-les. Provoque des affrontements, des dialogues. C’est parfois, souvent, SEUL que tu réussiras le mieux la confrontation.

Ainsi l’art rejoint la vie. La vie est un art. Le regard enrichit l’odorat, l’oreille, le toucher et vice versa et vice et vertu. On devient le centre de vibrations multiples et j’ai idée ( pour quelques émotions que je sais avoir été justes) que dans la tombe ou dans le petit bocal on continue la danse.
Mais là, évidement je n’ai pas (encore) de preuves à t’apporter

J’avais oublié les artichauts. C’est pourtant évident :
-feuille à feuille
-religieusement
-jusqu’au coeur

03 décembre 2009

Art ...Tiste


à M.( oct 2000)

Ne me colle plus sur le front l’étiquette »artiste » sinon t’vas voir ta gueule à la récré !
Si j’ai pu m’installer sur le sable pour aquarelliser des jeux d’eau et de lumière c’est que je me sentais suffisamment pleine de cette eau et de cette lumière pour risquer, sans intention sur le regard des autres, une rencontre avec G des profondeurs, le lieu et la qualité de l’instant. Me laisser aller, laisser venir …
Je n’étais pas « artiste » : j’étais Là

L’art, l’amour, c’est blanc bonnet et bonnet blanc.

Une autre image : il paraît que la théorie des icebergs c’est 1/10 en dessus, 9 en dessous.
Je crois que nous sommes tous des icebergs. L’art est d’aller chercher en dessous de la ligne de flottaison ce qui alimente en permanence la partie visible. Certains sont capables de se risquer si profondément qu’ils mettent en péril l’équilibre tout entier, qu’ils sombrent parfois. Ce n’est pas parce qu’ils sont fous qu’ils sont artistes, c’est parce qu’ils sont artistes qu’ils sont fous. Fous d’exigence, fous de lucidité. Si nous étions honnêtes avec nous-mêmes nous devrions hurler dans ce monde de trompe-l’œil et de faux-semblants. L’artiste ne montre pas l’objet, le paysage, le portrait, il te donne à voir son regard intérieur, sa lutte avec le néant, l’affirmation de son moi pour exister dans sa totalité et se mesurer à la totalité ( de Dieu, de la couleur, du monde, de l’harmonie, de la beauté …)
/.../
à demain pour la suite de la péroraison

02 décembre 2009

NUMBER ONE


Tout n’est pas perdu !

J’ai retrouvé sur les étagères (rangées) le bouquin de Siménon + celui de Pierre Assouline à propos de Simenon. J’ai assisté cet été à Sète à une conférence de l’un sur l’autre. D’où mon geste de retrouvailles bienvenu.
Voici le picorage du matin.

« Les fantômes qui s'ignorent. »
Ils ne s'ignorent pas vraiment, en ce sens qu'ils sont tout pleins d'eux-mêmes. Tout pleins et satisfaits. On les voit à la télévision, dans les journaux, dans les hebdomadaires. Ils se font volontiers interviewer ou bien ils parlent seuls à une tribune quelconque.
S'ils s'ignorent, c'est qu'ils ne savent pas qu'ils sont des fantômes. Ils n'appartiennent plus à notre monde. Ils vivent au XIXe siècle, sinon au XVIIIe ou au XVIIe.
Et je ne parle pas de l'empereur d'lran, aussi couvert de décorations. Jusque plus bas que le nombril, que je ne sais plus quel roi africain qui en mettrait bien sur ses pantalons.
II y a comme cela toute une société, pas seulement dans un pays, mais dans la plupart des pays, qui vit à contretemps, qui ne voit rien de ce qui se passe. D'ailleurs, s'ils le voyaient, ils ne comprendraient quand même pas.
Cela m'amuse et me terrifie, parce que quand ces gens-là se sentiront menacés pour de bon, ils n'hésiteront pas à déclencher n'importe quelle catastrophe, pour continuer à se croire vivants, à se croire indispensables et magnifiques. » Samedi 9 novembre 1974.

Même le filet de cabillaud qui se prend sur la planche à découper pour the number ONE

01 décembre 2009

CENT FOIS


CENT FOIS …

Le mot Ouvrage ne veut pas me quitter depuis hier avec ce qu’il charrie de souvenirs très anciens. Du temps de l’ouvrage collective et familiale. Du temps où j’étais une avec tous, et tous en moi.
Ce matin c’est l’affirmation de Boileau qui resurgit :
« Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage
Remettez-le sans cesse et le recommencer »
Revient aussi cette sorte de refrain que j’ai trouvé à l’atelier sous les doigts d’un autre gratteur d’écriture
« J'arrive enfin à un âge —
N'ayant pas manqué d'ouvrage —
Où je peux me reposer —
Essayer, tenter, oser. »

J’en ai fait ma confiture à étaler en chanson complète

J’arrive enfin à un âge
où je peux tenter, oser
essayer, recommencer
prendre en fa dièse ou en ré,
accepter, me réjouir
des ans la belle expérience
des rideaux chauds la constance ...
de ma vie un avenir
J'arrive enfin à un âge
masculin et féminin
ou au lieu d'aller bosser
comme de juste je peux chanter
si ça me plaît !