Silence
Marguerite
se tait enfin.
Françoise
respire ce silence.
Enfin
Françoise respire.
En présence
de Marguerite Françoise ne respire qu’à demi.
Françoise
retient son souffle.
Marguerite
le lui a dit : tu retiens ton souffle.
Quand
Marguerite parle, Françoise a mal à la langue.
Les lèvres
de Françoise sont rouges.
«
Outrageusement rouges » a dit Marguerite.
Françoise
passe sa langue sur ses lèvres.
Elle
rougit. La langue de Françoise rougit.
Il y a un
ressac de silence sur les lèvres de Françoise.
Marguerite
prend peur. Françoise rougit.
Il y a une
odeur de poulailler.
Une odeur
de délire sur un poulailler en dérive.
Françoise
ne sent rien quand Marguerite se pince le nez.
Outrageusement
hume, renifle ostensiblement.
Non !
l’odeur de Marguerite Françoise ne la sent pas.
« à
force … à force … » dit Marguerite
et puis
plus rien, le silence, le silence complet.
Alors
Françoise se lève, marche vers le piano, s’élance …
Dans
l’amitié de sa cadence
Elle sent
sa force au bout des doigts.
Et le
tourment s’en va.
Plus de
petit vélo dans les bronches, dans les branches.
Plus de
rouge outragé, outrageant,
Plus de
mots sur la langue.
Plus de
poulailler, plus de fiente, plus de méfiance.
Deux
Nanas : une qui joue, l’autre qui danse
Dans la
chaleur de la cadence partagée de l’amitié.
Enfin !